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CHOSES VUES, CHOSES LUES, MISE À NU (Septembre 1993 - numéro 1)
Le 18 avril 1993, à Sept sur sept (TF1), Edouard Balladur affirme que "la moitié des délits concernant la drogue sont commis par des étrangers". Anne Sinclair ne réagit pas à cette assertion... Deux jours plus tôt, on pouvait lire dans France Soir, sous la plume de Nathalie Gillot, la phrase suivante: "un tiers des affaires de stupéfiants sont imputables à des étrangers, estime le ministère de l'intérieur". Alors, 1 sur 2? 1 sur 3? moins? plus?
Retour aux sources Les nombres présentés ci-dessous proviennent d'une publication largement diffusée par le ministère de l'intérieur (direction générale de la police nationale, direction centrale de la police judiciaire): Aspects de la criminalité et de la délinquance constatées en France en 1991 par les services de police et de gendarmerie d'après les statistiques de police judiciaire, La documentation française, 1992 (p. 119).
En toute rigueur, on ne connaît évidemment pas la proportion d'étrangers parmi l'ensemble des personnes ayant commis, une année donnée, une infraction à la législation sur les stupéfiants car certaines resteront inconnues de la police et de la justice. En revanche, les statistiques du ministère de l'intérieur nous permettent de calculer cette proportion pour les "mis en cause". Rappelons qu'il s'agit des personnes pour lesquelles ont été réunis au cours de l'enquête des indices suffisants pour laisser présumer qu'elles sont auteurs ou complices d'un crime ou d'un délit. Ainsi, 20% des personnes mises en cause pour infraction à la législation sur les stupéfiants sont étrangères. Cette proportion varie, selon la nature de l'infraction de 16% (consommation) à 35% (trafic). Pas 1 sur 2, ni 1 sur 3... mais 1 sur 5. En revanche, si on se limite au "trafic", l'information de France Soir est exacte. Encore faut-il préciser ce dont on parle.
Pierre Tournier |