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CREPUSCULAIRES

(Juin 1997 - numéro 13)

 

Ô Waterloo, Waterloo

Pénombre n'aurait sans doute pas eu de raisons particulières de revenir sur l'illustre bataille, si nous n'avions pas lu sous la plume de Lucas Delattre, correspondant du Monde à Bonn (11/02/97), les lignes suivantes: «Quatre millions six cent mille chômeurs en Allemagne: le chiffre tombé comme un couperet, a été annoncé jeudi 6 février par l'agence fédérale pour l'emploi de Nuremberg.» «Un niveau comme on n'en avait pas connu depuis 1932», «Un Waterloo de l'emploi»: les premiers commentaires permettent d'imaginer le choc provoqué par la nouvelle.

Effectivement quel choc! Et le feldmarechal Blücher ainsi que le Comte Bülow von Donnewitz de se retourner dans leurs tombes respectives… Victor Hugo l'avait bien dit «La bataille de Waterloo est une énigme. Elle est aussi obscure pour ceux qui l'ont gagnée que pour celui qui l'a perdue. Pour Napoléon, c'est une panique; Blücher n'y voit que du feu; Wellington n'y comprend rien. Voyez les rapports. Les bulletins sont confus, les commentaires sont embrouillés» (Les Misérables). Mais tout de même, l'histoire avait clairement désigné les vainqueurs (l'intervention de Bülow sur le flanc est des Français fut même décisive).

Victor Hugo qui n'aimait pourtant pas le calcul (voir la Lettre blanche n° 10 - août 1996) n'hésita pas à donner le score final: «Waterloo est de toutes les batailles rangées celle qui a le plus petit front sur un tel nombre de combattants. Napoléon, trois quarts de lieue, Wellington, une demi-lieue; soixante-douze mille combattants de chaque côté. De cette épaisseur vint le carnage. On a fait ce calcul et établi cette proportion: Perte d'hommes: à Austerlitz, Français, quatorze pour cent; Russes, trente pour cent ; Autrichiens quarante-quatre pour cent. A Wagram, Français, treize pour cent; Autrichien, quatorze. A la Moskowa, Français, trente-sept pour cent; Russes, quarante-quatre. A Bautzen, Français, treize pour cent; Russes et prussiens, quatorze. A Waterloo, Français cinquante-six pour cent; Alliés trente et un. Total pour Waterloo, quarante et un pour cent. Cent quarante-quatre mille combattants; soixante mille morts.» L'écrivain trouva tous ces chiffres dans le journal L'Étoile belge du 6 juin 1861…

 

Marie Pierre Besançon, polémologue
Université S.M.Muscar XII, Klow