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DES CHIFFRES ET DES MOTS

(Avril 1999 - numéro 18)

 

Bon chiffre, mauvais mot

Le Parisien du 2 décembre 1998 titre: "on gagne 23 % de plus à Paris qu'en province". Formulation trompeuse! Le lecteur n'est-il pas invité à comprendre que la même personne, pour le même travail, est payée presque un quart en plus selon qu'elle travaille à Paris plutôt qu'en province? L'article qui suit ne permet pas de dissiper cette interprétation. Peut-être parce que l'auteur ne maîtrise pas lui-même ce dont il s'agit?

Si l'on est un peu attentif, cependant, on y voit qu'il s'agit de comparer le revenu moyen des Parisiens au revenu moyen des provinciaux. Ce ne sont ni les mêmes personnes ni les mêmes emplois. Comme il y a à Paris une plus forte proportion de cadres qu'en province, même s'ils étaient payés au même tarif, tandis que les ouvriers et employés seraient aussi payés autant de part et d'autre, cela seul entraînerait une différence des moyennes. En fait, nous ne savons pas (du moins, ce n'est pas rapporté dans l'article) si dans des conditions égales les Parisiens sont davantage rétribués; ni, de combien. Les chiffres cités sont exacts; mais le sens qu'on leur donne n'est pas le bon.

En plus, il s'agit ici des "revenus disponibles", c'est-à-dire de la somme des revenus du travail, des loyers et intérêts et aussi des prestations sociales, retraites, allocations familiales, etc.; le tout, diminué de l'impôt direct pour ceux qui y sont assujettis. Le terme "gagner" n'est pas bien choisi non plus.

Voilà comment on croit informer le public.

 

René Padieu
Statisticien, INSEE