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SOMBRES NOMBRES Avril 2001 - numéro 25 [Table des matières]
Questions sexy L'Observatoire des parents délèves de lenseignement public (OPEEP) publie, depuis 1996, une enquête téléphonique semestrielle sur les opinions des parents délèves âgés de 4 à 20 ans. Lexercice daoût 2000 porte sur lenseignement, la sécurité à lécole, le rôle et la place de lécole, notamment relativement à la sexualité des mineurs. Léchantillon est présenté comme " représentatif de la population française en termes de région et dhabitat ", ni la méthode déchantillonnage ni le recours à un redressement ne sont précisés. LObservatoire prend le parti, acceptable, de ne donner les taux de non réponse (ou " Ne sait pas ") que lorsquils sont significatifs (entendons significativement différents de zéro). Ainsi, sur la question de la satisfaction ressentie à légard de léducation à la sexualité peut-on lire un taux de non réponse de 27 %, qualifié de " fait notoire ", sans autre commentaire, si ce nest que les parents sont, dès lors, jugés " perplexes ". Lors des enquêtes téléphoniques, les consignes données aux enquêteurs par les instituts de sondage pour la relance en cas dhésitation du répondant sont, le plus souvent, dinsister jusquà ce que ce dernier opte pour une modalité pré-établie. On ne peut dès lors que sétonner de limportance de ce taux. Il suffit pourtant de regarder lintitulé de la question et des modalités pour comprendre : Concernant léducation à la sexualité qui est menée dès la quatrième, estimez-vous quelle est : - Tout à fait satisfaisante : 8 % - Assez satisfaisante : 31 % - Pas très satisfaisante : 24 % - Pas du tout satisfaisante : 6 % - Inexistante : 4 % - Ne sait pas : 27 %
Perplexes Lenquête interroge sur la satisfaction sans jamais se préoccuper de la légitimité, qui est pourtant un point essentiel sur ce sujet. Il est ici très vraisemblable que certains parents, parmi ces non répondants, sont tout bonnement opposés à léducation sexuelle en milieu scolaire, ou même simplement au fait quelle soit dispensée dès la quatrième. Une question sur lopportunité dune éducation sexuelle au collège aurait sans doute permis à ceux qui y sont opposés de donner leur avis plus explicitement. Même sans poser dautre question, peut-être aurait-il suffit de croiser cette variable avec le seul autre item de lenquête portant sur la place de lécole relativement à la sexualité des mineurs (actuellement, la délivrance par les infirmières des collèges et lycées de la pilule du lendemain à des mineures sans le consentement parental fait lobjet de débats. Vous-même, y êtes-vous favorable ?) pour découvrir que le profil de ces non répondants était particulier ? Peut-être aussi certains de ces individus " perplexes " le sont-ils parce que leur enfant na pas encore atteint un niveau scolaire au sein duquel léducation à la sexualité est abordée et quils ne se sentent de fait pas capables de porter un jugement sur ce sujet ? Cette hypothèse était également vérifiable avec les données recueillies.
François Beck |