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A LA VÔTRE Octobre 2001 - numéro 27 [Table des matières]
Trompe-l'oeil Le numéro 24 de Pénombre contient en page 14 un court texte de René Padieu (Entre ombre et lumière) qui a un double intérêt. Il pointe l'importance de fournir des résultats avec une estimation de leur précision. Il montre que la qualité de cette estimation peut être fournie graphiquement. Dans le même sens, la réflexion de Pénombre sur la qualité des informations traitées, qui nécessite lanalyse des conditions de leur production, devrait, la plupart du temps, se doubler dune réflexion critique sur leur présentation. Titres, cartes et graphiques sont alors dans le collimateur.
Illustration via un commentaire dun article du Monde du 20 Janvier. Le graphique du Monde (ci-après) met en évidence les variations des diverses catégories de dépenses, mais occulte limportance relative de ces dépenses. La représentation correcte figure dans le graphique suivant. Pourquoi correcte ? parce quelle respecte une des lois de base de la représentation graphique : lil est sensible aux surfaces, les surfaces doivent être proportionnelles aux quantités que lon veut représenter. Les deux graphiques sappuient sur la même information, mais le second contient une quantité dinformation supérieure : il utilise la totalité des chiffres du tableau alors que le premier nen utilise quune partie. Ce type de graphique était plus fréquent avant la bureautique ; ils ont disparu en particulier parce quils ne peuvent être préparés avec les logiciels standard du type Microsoft mais aussi parce que la question de la représentation nest pas une question sensible pour les journalistes. Le titre initial " les dépenses dassurance maladie on augmenté deux fois plus vite que prévu en 200 " est largement fondé sur le graphique insuffisant : bien sûr le dépassement apparaît dans le graphique initial, et ceci pour toutes les catégories de dépenses, mais exclusivement sous langle du taux de variation (quil soit le taux prévu ou le taux réel). Mais le dépassement en masse napparaît pas ; a contrario, dans le graphique correct, la masse de dépassement apparaît pour chaque catégorie de dépense ; le dépassement massif concerne les soins de ville et la masse de dépassement des dépenses des établissements publics apparaît très faible. Si on calcule ces deux masses de dépassement la première est de 17,7 milliards et la seconde de 0,6 milliard, dans le rapport des surfaces de dépassement. Il est clair que cette différence est suffisamment massive pour quil en soit fait largement état. Dès lors le titre mériterait dêtre changé ; ce pourrait être selon lhumeur du journaliste : " Les dépenses de ville explosent " ou " les établissement publics parviennent presque à contenir leur dépenses " ou encore " Les dépenses ont augmenté de 3,6 milliards de plus quil nétait prévu ". De plus le titre actuel fondé sur le graphique insuffisant, insiste sur la notion de vitesse en disant " deux fois plus vite " et pas " deux fois plus ". Est-ce vraiment ce qui est essentiel ? Jacques Magaud |