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A VOTRE SANTE Avril 2002- numéro 29 [Table des matières]
La santé, un secteur d'activité très particulier Chacun se réjouit lorsque le chiffre daffaires du bâtiment, de lautomobile, de léquipement, etc., augmente. Lorsque celui de la santé fait de même, tout le monde se désespère et parle de " dérapage des dépenses de santé " ! On prend habituellement des mesures pour stimuler lactivité des différents secteurs. On nhésite pas, à linverse, à prendre des mesures pour freiner lactivité de la santé ! Chacun admet que la qualité a un coût. Pour la santé, " lamélioration de la qualité des soins passe par une diminution des coûts ", si lon en croit Martine Aubry. Toute augmentation du chiffre daffaires de la santé ne peut être due quà des gaspillages et non, comme ailleurs, à une amélioration des performances. Toute mesure restrictive agira, de ce fait, électivement sur les gaspillages et non sur la qualité des soins ! En résumé, il apparaît que toutes les règles qui gouvernent généralement les activités humaines sont inversées lorsquil sagit de la santé. - La santé, activité éminemment artisanale, ne génère pas demploi. - Comme il ny a ni salaire, ni investissement, ni recherche dans ce secteur dactivité très particulier, le chiffre daffaires de ce secteur ne peut entrer dans le calcul du PIB et lon peut le faire baisser sans que le PIB en soit affecté. Et ce serait une illusion de croire que les médicaments ou les matériels (scanner, IRM), sils sont sous licence étrangère, entraînent un déficit de la balance commerciale. - Dailleurs les acteurs de santé ne dépensent pas leur argent et ne participent donc pas à la richesse nationale. Toute provocation mise à part, nous sommes face à un problème philosophique et à des choix politiques. Que lon cesse de nous les présenter comme des nécessités économiques ! Le seul problème économique qui puisse se poser est de savoir si nous avons la capacité de nous payer un système de santé efficace. Encore ce problème se réduit-il à un choix politique : doit-on sacrifier autre chose pour avoir un système de santé efficace ?
Jean Goffredo, kinésithérapeute
Une réponse La particularité et la grandeur de notre système de santé par solidarité est que les moins riches et les plus malades peuvent avoir accès à tous les soins quand ils en ont besoin. Linconvénient est que si certains (médecins ou malades) font preuve dincivisme, ce nest pas eux mais la collectivité qui en paye les conséquences. Pour analyser ces dérapages, on peut dire en prenant comme vous laccent keynésien que toute dépense publique est bonne pour léconomie. Et on peut dire aussi le contraire si on est monétariste ou libéral. Mais tout cela est question de nuances et dappréciations. Vous soulevez là un débat fort intéressant sur la solidarité, le civisme et la responsabilité individuelle et collective, un débat essentiellement politique et philosophique. Dans ce débat, chacun est libre davoir ses convictions mais, tant que lusage des nombres nest pas précisément mis à mal, ne sortons-nous pas du champ des préoccupations de Pénombre ?
Maurice Rougemont, photographe |