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POPULATION ... MEHR LICHT* Avril 2002- numéro 29 [Table des matières]
Cherchez la fa(m)ille Dans Ouest-France (édition St-Brieuc, 5-6 janvier 2002), au-dessus du titre accrocheur " Chéri, où sont passés les gosses ", cette phrase intrigante : " Plus dune famille sur deux vit sans enfants dans le département ". Il y a de quoi faire sursauter. Donc, je sursaute. En principe, dans une famille, on croit savoir que les enfants sont élevés par leurs parents et donc vivent avec eux. Bon ! il y en a qui sont pensionnaires ou accueillis par un oncle ou une cousine. Mais, pas forcément très loin. Et puis, pas les petits. Mais de là à ce que la moitié des familles aient tous leurs enfants hors du département Comme rien nest indiqué, on peut comprendre que le résultat dont on rend compte est quune famille française sur deux expédie ses enfants hors-département. Mais, comme il sagit dune édition locale du journal, jai un soupçon. Peut-être le journaliste a-t-il voulu dire " Dans le département, une famille sur deux vit sans enfants ". Depuis que je fréquente Pénombre, jai appris à me méfier des titres des journaux Alors, je lis larticle. Et je ne comprends rien. Mélanie, ton QI f le camp. On a quand même bien limpression que mon interprétation est la bonne : il sagit des familles qui résident dans le département (des Côtes dArmor en loccurrence) et qui nont pas denfants. Avouez quand même que " vit sans ", synonyme de " habite ", suggère " habite sans ses enfants " : on est poussé à comprendre quil sagit de familles ayant des enfants, que la question est de savoir sils sont sur place ou ailleurs. Mais, derechef, je ne pige pas. Quest-ce quune famille sans enfants ? Cest pas dit. Un couple sans enfants est-il " une famille " ? Un renvoi au bas de larticle le dit, semble-t-il. Si cest ça, on commence à comprendre quon en trouve la moitié sans enfants : parce quils nen ont pas encore ; peut-être aussi parce quils nhabitent plus avec eux. Larticle fait tout un commentaire sur les Tanguy qui restent chez papa-maman jusquà 28 ans. Si cest ça, quelle limite dâge a-t-on fixée ? Ou bien, compte-t-on ici les couples de 60 ou 70 ans, dont les enfants sont envolés et ont convolé depuis des lustres ? Si oui, alors la proportion dune moitié semble au contraire faible Et puis, les célibataires ? Je veux dire, celles-et-ceux qui vivent seul(e)s. Parce que, quand je disais à linstant " les couples ", sans enfants, fallait-il sen tenir aux mariés ou prendre les cohabitants ? Bon, admettons. Mais alors, quid des familles monoparentales ? Comprenez-moi : si vous comptez comme " famille " les couples sans enfants et pas les solitaires sans enfants, et que pour ces derniers seulement, vous attendiez quil aient un chiarre pour être élevés à la dignité de " famille ", cest pas symétrique, pas homogène. Je veux bien quon prenne des conventions pour tout ça. Cest du reste ce que font les démographes. Mais ici, on ne nous en dit pas assez pour saisir de quoi on parle. Enfin ! comme ça vient dune étude de lInsee, je pourrais my reporter. Tiens ! Y a même pas la référence. Mais, quand même ! Si pour comprendre ce qui est dans le journal il faut aller chercher soi-même ce dont il parle, à quoi sert le journal ? Peut-être à piquer notre curiosité. À nous faire gamberger sur les ambiguïtés de la langue. Alors, là, cest gagné.
Mélanie Leclair, jeune statisticienne |