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CONFUSIONS

Avril 2002- numéro 29 [Table des matières]

 

25 moins 23 ne fait pas toujours 2

Entendu sur France Culture le 9 janvier 2002 à 18 h 15 lors d’une interview de Michel Serres par Jean-Paul Dollé :

" Au début du siècle, l’espérance de vie des hommes était de 25 ans. Ainsi, celui qui mourait à la guerre à 23 ans ne donnait à la patrie que 2 ans de sa vie. Aujourd’hui, où l’espérance de vie des Français est de 65 ans ce don patriotique ferait plus réfléchir ". Emporté par sa démonstration, le philosophe a oublié que l’espérance de vie de 25 ans — si tant est que ce chiffre soit juste — inclut la mortalité infantile très importante à l’époque.

La statistique qu’il faudrait retenir n’est pas celle-ci, mais celle utilisée par les assureurs, qui donne l’espérance de vie restante pour chaque âge de la vie. Ainsi, l’homme au début du siècle quand il avait déjà atteint 23 ans pouvait évidemment prétendre à plus de 2 ans d’existence et il peut espérer encore beaucoup plus aujourd’hui. Michel Serres a, bien sûr, raison dans son observation ; il n’avait donc pas besoin de faire dire aux chiffres plus que ce qu’ils veulent bien dire.

 

Maurice Rougemont, photographe

 

NDLR : Quand l’espérance de vie (à la naissance) des hommes était de 25 ans, le nombre d’années qui leur restait à vivre à leur 23e anniversaire (leur espérance de vie à cet âge) était supérieur à 30 ans. Mais ceci se situe vers 1750 ! Au début du (XXe) siècle, l’espérance de vie des hommes était proche de 45 ans et leur espérance de vie au 23e anniversaire, d’environ 40 ans. Aujourd’hui leur espérance de vie à la naissance n’est pas de 65 ans, mais de 75 ans.