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Avril 2003 numéro 33[Table des matières]
Faits et méfaits
En annonçant la publication des chiffres des crimes et délits en France tous les mois plutôt que chaque année, le gouvernement sexposait aux critiques. Passons sur la pertinence de ces chiffres pour « mesurer » linsécurité (Lettre blanche, janvier 2001), pour nous concentrer sur quelques bévues apparues dernièrement. Première bévue : la fascination de ladministration et des journalistes pour la précision (en fait lillusion de la précision). À lunisson, la presse donne des variations des chiffres de la délinquance au dix millième près (Libération du 13/09/2002, Le Figaro du 8/11/2002, Le Monde du 10/12/2002...) ! Cette absurdité, déjà pointée par Bruno Aubusson (Lettre blanche, janvier 2001), est encore plus grave aujourdhui puisque les grandeurs considérées sont divisées par environ un facteur 10 (passage de lannée au mois) : il nest en effet plus question de millions de faits délictueux mais de 320 000 environ (niveau de janvier 2003). La palme revient à la préfecture de la Lozère qui nhésite pas à publier une augmentation de 11,99 % sur la période de janvier à novembre 2002, pour un total de 2 000 délits environ. Notons tout de même une exception. Dans Le Figaro du 11 octobre 2002, linfographie présentée nutilise quun seul chiffre après la virgule. Mais cest sans doute par souci plus esthétique que mathématique. Deuxième bévue : des pourcentages, oui, mais des pourcentages de quoi ? En effet ministère et médias se contentent de donner des variations en pourcentage mais omettent de préciser les valeurs absolues. Or 5% daugmentation dans le Cantal (3 876 délits en 2002) ou à Paris (312 125) ne représentent pas le même nombre de « victimes ». Heureusement le ministère, contrairement à la presse, a corrigé le tir. Après le premier communiqué du 12 octobre ne donnant que les pourcentages, les suivants contenaient aussi les grandeurs absolues. Une attitude que les journaux nont, en général, pas suivi. Dommage, car, pour une fois, la copie pure et simple des communiqués de presse aurait du bon. Troisième bévue : Lannée ne fait pas douze mois. Le ministère de lIntérieur lavait promis : désormais il publierait chaque mois les chiffres de la délinquance en France. Septembre, octobre, novembre... mais pas décembre ! En effet le 7 janvier le communiqué du ministère nannonce pas les chiffres du mois précédent mais ceux de lensemble de lannée écoulée. Comme au bon vieux temps. Difficilement, le service de presse me cédera les chiffres manquants. Éclairants car le nombre de crimes et délits en décembre a augmenté par rapport à décembre 2001 (et aussi par rapport au mois précédent). Le gouvernement aurait-il voulu cacher un mauvais résultat, après des mois de baisse ? Justement, le ministre de lIntérieur a-t-il réalisé que lobjectif de « délinquance zéro » est à sa portée ? Dun mois sur lautre, depuis octobre, le nombre de crimes et délits diminue (3% en moyenne). À ce rythme, dans 48 mois (soit à quelques mois des élections), il ne restera plus quenviron 75 000 délits par mois. Avec 245 000 policiers et gendarmes, cela fait trois képis par délinquant (contre 0,7 en janvier). Autant dire quun ultime coup de collier dans les derniers mois avant lélection et, cest gagné, la délinquance tombe à zéro !
David Larousserie
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