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Juillet 2003 numéro 34[Table des matières]
Les hommes et les femmes les plus...
SOUS le titre « Ce que pourrait être un panthéon des grands hommes européens », le journal Le Monde du 6 mars 2003 produit trois palmarès. Nous nous proposons de commenter brièvement celui qui porte le n°1. Donc, celui qui est « en tête de ces palmarès » semble-t-il Une question était posée à des ressortissants de six pays européens : « Si vous pouviez vous entretenir pendant une heure avec un personnage historique célèbre représentant lidentité européenne, qui choisiriez-vous ? » Il sagissait dune question ouverte, sans réponse suggérée. Au classement qui résulte des réponses à cette question - classement que nauront pas influencé les 44 % de non-réponses ! - Joschka Fischer et Gerhard Schröder se détachent. Suivent Charles de Gaulle, Tony Blair et Jacques Chirac devant... Napoléon et Winston Churchill. Jean-Paul II est huitième, à égalité avec Edmund Stoiber et Alexandre Kwasniewski. Parmi les huit « 11èmes ex aequo » figurent notamment Angela Merkel et Victor Hugo. Peut-on formuler deux ou trois remarques ? Dune part, est-ce faire injure à Angela Merkel et Edmund Stoïber, ou à lavenir, que de sinterroger : la notion de «personnage historique célèbre» sapplique-t-elle - ou, pour être aimable, est-elle déjà susceptible de sappliquer - à eux ? Les sondés allemands qui le pensent sont, respectivement, 8 et 11 %. Cette opinion est, apparemment, partagée par 0 % des personnes enquêtées dans les autres pays . score identique à celui de Joschka Fischer, qui arrive pourtant en tête du classement général avec 9 points grâce aux 30 % de « suffrages exprimés » quil recueille dans son pays ! Dautre part, on peut observer que des difficultés techniques limitent, à lévidence, les possibilités dun entretien dune heure avec Charles de Gaulle, Napoléon ou Winston Churchill. Ceci a pu dissuader certains de leurs admirateurs de citer leur nom en réponse à la question Enfin, que larticle fondé sur cette étude, et donc notamment sur ce palmarès, conclut au « désir dEurope quelle exprime », à la volonté de « déceler les traces dune mémoire européenne » et de « rapprocher les panthéons nationaux », malgré des « identités nationales encore très marquées » , tout ceci traduit des opinions ou des souhaits que lon peut éventuellement partager ou étayer avec de multiples arguments. Mais en quoi ces opinions et ces souhaits sont-ils confortés par une « démonstration » dune telle nature ? Que conclure, en fait ? Peut-être ceci : larticle en question, qui couvre deux tiers de page, arrive certainement en bonne position au palmarès, établi sur la base du nombre de signes, des articles de la livraison du Monde datée du 6 mars 2003. Quant à prétendre à une place de choix au « panthéon » des sondages douteux, la concurrence risque dêtre rude et les méthodes de mesure délicates à mettre au point. Peut-être faudrait-il organiser un sondage ?
Alain Gély |