Lettre d'information de Pénombre
association française régie par
la loi du 1er juillet 1901 |
Cet été, en sortant du château d’Angers,
où j’avais montré la tapisserie de l’Apocalypse
à mes enfants, j’ai eu envie de lire le texte de
Saint Jean.
Voici sa vision, cubique et chiffrée, de la Jérusalem
céleste, dans une belle traduction de Bossuet.
F.D.
Apocalypse de Jean, chapitre 21
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Il vint alors un des sept anges qui tenaient les sept coupes pleines
des sept dernières plaies. […]
Il me transporta en esprit sur une grande et haute montagne, et
il me montra la grande cité, la sainte Jérusalem, qui
descendait du ciel d’auprès de Dieu. Revêtue de
la gloire de Dieu, sa lumière était semblable à
une pierre précieuse, telle une pierre de jaspe transparente
comme du cristal. Elle avait une grande et haute muraille et douze
portes, et douze anges aux portes, et des noms écrits qui étaient
les noms des douze tribus des enfants d’Israël. Il y avait
trois de ces portes à l’Orient, trois au septentrion,
trois au midi et trois à l’Occident. La muraille de la
ville avait douze fondements où étaient les noms des
douze apôtres […].
Celui qui me parlait avait une canne d’or pour mesurer la
ville, les portes et la muraille. La ville était bâtie
en carré, aussi longue que large. Il mesura la ville avec sa
canne d’or jusqu’à l’étendue de douze
mille stades, et sa longueur, sa largeur et sa hauteur sont égales.
Il en mesura aussi la muraille, qui était de cent quarante-
quatre coudées de mesure d’homme, qui était celle
de l’ange. La muraille était bâtie de pierre de
jaspe, mais la ville était d’un or pur, semblable à
du verre très clair. Les fondements de la muraille de la ville
étaient ornés de toutes sortes de pierres précieuses.
Le premier fondement était de jaspe, le second de saphir, le
troisième de calcédoine, le quatrième d’émeraude,
le cinquième de sardonyx, le sixième de sardoine, le
septième de chrysolithe, le huitième de béryl,
le neuvième de topaze, le dixième de chrysoprase, le
onzième d’hyacinthe, le douzième d’améthyste.
Les douze portes étaient de douze perles, et chaque porte était
faite de chaque perle, et la place de la ville était d’un
or pur comme du verre transparent.
Apocalypse de Jean, chapitre 21
La grandeur des nombres
Lorsqu’elle n’est pas explicitée,
cette notion n’est pas mathématique. Empruntée
à des expériences humaines, elle doit être
affinée selon des critères qui la bornent. Dire
d’un nombre qu’il est grand n’a donc guère
de sens en soi. Dans la vie primitive les objets usuels ou
les événements courants se comptaient sur les
doigts des mains. Les dénombrements plus complexes
échappent à la mémoire et relèvent
des statistiques. Contrairement aux doigts de la main, aux
ustensiles, aux membres de la famille, aux maisons alentour,
les arbres des forêts, les fortunes, les populations,
dépassent le calcul ordinaire. Les grains de sable
de la mer, les gouttes d’eau de l’océan,
les astres du firmament, soulèvent la question de la
notation et de l’ordre de grandeur. Cette idée
est amorcée dans l’Arénaire d’Archimède
:
“ Il est des gens, Roi Gelor, qui pensent que le nombre
de grains de sable est infini, et je ne veux pas parler seulement
du sable qui se trouve à Syracuse et dans le reste
de la Sicile, mais aussi de celui que l’on trouve dans
toutes les régions habitées ou non. Il en est
aussi qui, sans considérer ce nombre comme infini pensent
pourtant qu’aucun nombre ne serait assez grand pour
le dépasser. Et il est clair que ceux qui ont cette
idée, s’ils imaginaient une masse de sable aussi
grande que la masse de la terre, comprenant toutes les mers,
et les abîmes de la terre remplis jusqu’à
une hauteur égale à celle des plus hautes montagnes,
seraient bien plus éloignés encore d’admettre
qu’on pût trouver un nombre qui pût dépasser
le nombre de grains de sable ainsi accumulés. Mais
j’essaierai de vous démontrer, au moyen de preuves
géométriques que vous serez capable de comprendre,
que, parmi les nombres que j’ai nommés et donnés
dans le travail que j’ai envoyé à Zeuxippus,
certains dépassent non seulement le nombre correspondant
à la masse de sable égale en grandeur à
la terre ainsi remplie, mais aussi celui d’une masse
égale en grandeur à l’univers. ”
François Le Lionnais,
Les nombres remarquables, Hermann, 1983. |
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