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Décembre 2003 numéro 35[Table des matières] PENOMBRE SE DEVOILE La dixième assemblée générale de l’association s’est tenue le 20 juin 2003 au Foyer Évangélique de Grenelle à Paris. Une quarantaine de membres étaient présents.
Les euros de Pénombre Karin van Effenterre a présenté un rapport financier pour l’année 2002, dont le détail sera adressé aux adhérents qui en feront la demande. Les recettes, toujours constituées des adhésions et des dons des adhérents, nous permettent de financer nos activités “ en toute indépendance ” (mais en totale dépendance du bénévolat des membres les plus actifs de l’association !). Environ la moitié de ces dépenses vient de la fabrication et de l’envoi de nos publications. L’autre poste de dépenses important en 2002 a été l’organisation de la nocturne Grande Nuit des Élections. Une participation individuelle supplémentaire avait été demandée à cette occasion car, pour les dix ans de Pénombre, nous n’avions pas lésiné sur les dépenses (location de salle, traiteur pour deux services…). Mais avec un nombre de participants - plus de 150 - supérieur à ce qui était attendu, la recette a été plus importante que prévue. Finalement, le solde des comptes annuels est encore positif.
Nocturnes, groupes, blanche et grise… L’année 2002 a été marquée par cette Grande Nuit dont les débats ont été portés à la connaissance du plus grand nombre par le numéro spécial de notre Lettre d’information blanche et grise pour l’occasion. La réflexion sur certains des thèmes abordés a d’ailleurs été prolongée dans le numéro suivant de la Lettre blanche (n°33) et le sera encore à propos des débats en cours et à venir sur les retraites ou la santé. Un groupe de travail dont la création avait été décidée lors de l’A.G. 2002 a commencé à se réunir en février 2003. Le GIN (groupe images du nombre) aborde largement la question des représentations visuelles du nombre. Largement, parce que l’intention initiale ne se limite pas à l’infographie chiffrée (mais c’est quand même un peu le cœur du sujet), ni aux usages relevant de l’information chiffrée : les membres du groupe assistent, un peu fascinés, au développement d’images du chiffre à visée plus ou moins utilitaire dans les messages publicitaires ou la communication d’entreprise. Sur deux exemples de la presse écrite (La Croix, Alternatives économiques), le GIN est allé voir comment les infographies sont choisies et réalisées. Encore au début de ses explorations, le GIN n’a pas encore d’objectif de publication. Ceux qui veulent rejoindre ce groupe seront bienvenus. Les provinciaux, toujours défavorisés par notre mode de fonctionnement parisien, peuvent demander à être informés. Le groupe “ Risques en nombre ” a connu un fonctionnement plus aléatoire. Une réunion passionnante sur le traitement du risque d’inondation semble avoir provoqué la réalisation d’un autre risque, celui de la panne technique. Mais non, ce n’était qu’une impression, après un délai un peu long, le groupe doit repartir pour une série de réunions : l’appel à contribution pour un futur numéro de la Lettre blanche ou de la Lettre grise consacré à ce thème sera alors certainement entendu. Le rédacteur en chef de la Lettre blanche, Alfred Dittgen, après avoir rappelé la généalogie des dernières publications, renouvelle de vive voix l’appel lancé aux contributions écrites à nos débats. L’annonce de thèmes pour les futurs numéros pourra favoriser le “ passage à l’acte ” des nombreux adhérents qui pensent pouvoir un jour (surtout s’ils en trouvent le temps) contribuer à la réflexion pénombrienne. Mais il n’y a guère de “ hors sujet ” opposé par la rédaction à ces contributions, dès lors qu’il s’agit de l’usage des nombres dans le débat public.
Chauds débats et débats réchauffés Après la statisticulente évocation des nombreux adhérents de Pénombre, que Daniel Cote-Colisson reprend ci-après, Bruno Aubusson évoque brièvement l’historique des relations de Pénombre avec les journalistes. Faisant partie du public visé lors du démarrage de l’association (cf. préambule des statuts), les journalistes se sont montrés très intéressés, mais peu participatifs. Leur intérêt demeure et continue de se marquer par des références à Pénombre dans leurs articles ou leurs émissions. Mais, en dehors de quelques exceptions remarquées, le cadre que nous proposons (rencontres et échanges associatifs) n’a pas déclenché de réflexion poursuivie nous permettant de mieux comprendre en quoi les contraintes de travail des médias et l’organisation du traitement de l’information chiffrée conduisent aux usages du chiffre que nous sommes enclins à critiquer. Après un bref débat sur ce point et d’illustratives interventions de Martine Kis, journaliste et adhérente, B.A. expose l’état de ses contacts avec le réseau “ les Entretiens de l’information ”. Invité en août 2002 à participer à une rencontre organisée sous ce nom dans le cadre de l’Université d’été de la communication à Hourtin, sur le thème du traitement médiatique de l’insécurité, les contacts se sont prolongés par la suite. Les personnes qui animent le réseau (journalistes, représentants des écoles de journalisme, chercheurs spécialisés dans l’étude des médias…) ont décidé de créer une association dont le but est de “ contribuer au développement du débat public sur les conditions de traitement de l’information : rencontres, débats, enquêtes, publications... [et qui] se propose d’y associer tous les acteurs concernés : journalistes, éditeurs, écoles et centres de formation, grandes associations représentatives de la société civile, chercheurs, universitaires, etc... ”. Il est donc proposé que Pénombre entende cet appel à collaboration. Dans un premier temps, notre association va donc participer à l’organisation d’un atelier sur les retraites (annoncé dans le numéro 34 de la Lettre blanche et relaté ci-après). Le 20 juin, la loi portant réforme du système des retraites n’était pas encore votée. Le printemps avait été riche en événements sur ce sujet, et chacun avait pu constater divers usages des chiffres en la matière. Une première partie de la discussion menée en A.G. concernait la légitimité d’une intervention de Pénombre dans ces circonstances, sous la pression des événements et la passion des prises de position. Alfred Dittgen avait évoqué à ce propos l’interpellation d’une adhérente qui, pendant la guerre d’Irak, nous demandait une présence plus soutenue (cf. Lettre blanche 31, courrier des lecteurs “ paix-nombre ”). On risquera de résumer la discussion en disant que les Pénombriens sont d’accord sur l’intérêt d’intervenir “ à chaud ” sur des sujets aussi mobilisateurs, mais à condition de se garder de l’utilisation détournée d’une réflexion sur l’usage des chiffres pour faire passer un discours “ militant ”, défendant une position particulière sur le sujet particulier. Position d’équilibriste que maintiendra la critique mutuelle tant qu’elle s’exercera. Une seconde partie de la discussion a porté sur la réforme des retraites elle-même et, l’heure avançant, il a été proposé de la poursuivre autour des tables dressées pour le dîner, puis d’une réunion huit jours après pour envisager sur quelles pistes Pénombre pourrait organiser, après l’épisode d’Hourtin 2003, une nocturne dont le thème pourrait relier l’épisode des retraites (“ la retraite aux flambeaux ” a même été proposé comme titre d’une soirée) à celui du financement du système de santé qui doit se jouer à la suite.
L’élection qui compte À l’issue de l’A.G., ont été renouvelés dans leur mandat d’administrateur(e) : Karine van Effenterre, Lise Mounier et Alfred Dittgen. Mathias Kende et François Sermier rejoignent le conseil élargi (ainsi nommé, puisque l’effectif de ses membres dépasse le nombre statutaire d’administrateur(e)s toujours fixé à neuf). Le conseil, réuni le 9 septembre, a réparti les tâches et responsabilités et, en particulier, désigné son bureau constitué de Bruno Aubusson de Cavarlay, président, René Padieu, vice-président, Karin van Effenterre, secrétaire, France-Line Mary, trésorière.
Pénombre n’a pas de politique auditoriale qui la conduise à dresser le profil de ses membres. Elle n’a donc pas cherché à collecter des informations sensibles sur celles et ceux qui lui font confiance en figurant au nombre de ses adhérents. Néanmoins, l’association ne saurait exister sans un fichier (759 enregistrements avant la canicule) et celui-ci renferme des informations signalétiques minimales qui permettent de dresser un premier profil des Pénombrien(ne)s. L’analyse en a été présentée lors de la dernière assemblée générale de l’Association.Sexe des membres Sur les 759 membres, 45 (6 % du total) sont des personnes morales. La morale et le sexe ne faisant pas bon ménage, l’analyse les laissera de côté. Pour autant, le décodage des 714 restants n’est
pas aussi simple qu’on l’imaginerait :
Localisation L’Île-de-France confirme ici sa prédominance habituelle (59 % des membres), devant Rhône-Alpes (6,5 %), PACA (4,1 %) et l’Aquitaine (2,4 %), toutes les régions étant par ailleurs représentées, même faiblement (3 Pénombriens résident ainsi dans les DOM). Enfin, 5 % des membres sont implantés à l’étranger ou dans les DOM (de plus, ils sont tous à jour de leur cotisation 2003).
Activité (ou inactivité) professionnelle La profession est connue pour les deux tiers des membres. Sur cette base, l’analyse fait ressortir deux populations particulièrement représentées :
Environ 15 % relèvent plutôt de catégories “ littéraires ”. Enfin, 6 % sont “ émérites ”, dans les deux sens du terme (d’une part, n’exercent plus, d’autre part sont, du fait d’une longue pratique, d’une remarquable habileté dans leur domaine), ce dont Pénombre retire tout bénéfice.
Ancienneté dans l’association L’ancienneté moyenne est de 5 ans 1⁄2. Le rythme des adhésions est de 68 par an, cette moyenne ayant été dépassée 6 fois en 11 ans, avec un pic mémorable en 1999 avec 207 adhésions.
Membres fidèles, membres actifs D’aucuns prétendent que la fidélité s’émousse avec le temps. Pour Pénombre, le renouvellement de la cotisation au fil des années constitue une marque évidente de fidélité. Le taux de fidélité représente ici, pour une classe de même ancienneté (année d’entrée), le nombre de cotisations effectives rapporté au nombre de cotisations potentielles. Par ailleurs, la vitalité de l’association s’exprime notamment au travers de ses membres actifs, définis ici comme ceux qui ont renouvelé leur cotisation en 2003 ou l’ont fait en 2002 et devraient logiquement la renouveler d’ici la fin de l’année. Le tableau ci-dessous reprend les résultats de ces analyses :
Pour résumer :
Daniel Cote-Colisson
Peut-être vous rappelez-vous, chers adhérents, que sur le bulletin de renouvellement d’adhésion 2003 figuraient deux questions inhabituelles. Une première, qui vous proposait de faire un commentaire sur les publications et les activités de Pénombre, une seconde, qui vous demandait comment vous envisagiez votre participation à l’association. Sur les 229 bulletins de renouvellement arrivés jusqu’en juin, 89, soit 4 sur 10, comportaient une réponse à l’une ou l’autre de ces questions. Plus précisément 73 “ réadhérents ”, 1 sur 3, ont fait un commentaire et 58, 1 sur 4, ont répondu à la deuxième question. Dans une enquête d’opinion classique une proportion aussi importante de non réponses ferait douter de la valeur du sondage. Ici ce n’est pas le cas, puisque ceux qui n’ont pas répondu ont néanmoins payé leur cotisation, ce qui est une autre façon d’exprimer leur opinion sur l’association et de s’y engager. Les commentaires, dans leur diversité sont tous positifs. Beaucoup d’adhérents font pour cela preuve de grande concision, vraisemblablement acquise lors d’une longue activité de pédagogue ou de chef : “ Bravo ! ”, “ Stimulant ! ”, “ Continuez ! ”. D’autres, plus littéraires, cherchent la formule : “ vous joignez l’utile à l’agréable ”, ou, “ l’association devrait être déclarée d’intérêt public car elle permet de maintenir l’esprit critique de tout un chacun ”. D’autres, poètes, vont même jusqu’à frôler le sonnet :
Rien que du bonheur, comme disent les spectateurs après un beau match ! Certes, mais revenons sur terre. Pénombre a suffisamment insisté sur l’effet de sélection dans certaines statistiques - en particulier dans celles des taux de réussite au bac, largement expliqués par les politiques de recrutement des lycées - pour savoir que s’il y a ici 100 % de satisfaits, c’est tout simplement parce que les insatisfaits n’ont pas renouvelé leur adhésion… Très peu de souhaits accompagnent ces appréciations. Un adhérent exprime “ un souhait d’ouverture sur les activités autres que la justice ”, mais un autre [souhaite] “ plus de développement dans le secteur “ justice, police et dérivées ” ”. Cornélien ! Un troisième aimerait “ plus d’articles de fond dans la Lettre blanche ”, sans contradicteur cette-fois-ci, mais sans approbateur non plus ! Comment répondre ? À vous adhérents et lecteurs de nous donner vos opinions sur ces opinions ! Sur les propositions d’engagement, l’éventail est large. Les plus déterminés disent qu’ils pensent participer à un groupe, voire à en monter de nouveaux. Plusieurs autres disent qu’ils font ou qu’ils s’engagent à faire connaître l’association. D’autres encore vont essayer, peut-être, de commettre un texte pour la Lettre blanche : “ je n’exclus pas d’y contribuer un jour ”. Certains, overbookés, s’engagent néanmoins, c’est promis juré, à... “ lire les publications ”. Certains, à cette question sur un engagement possible, font part de leur perplexité… mais, peut-être, s’agit-il d’humour : “ je me le demande ”, “ pourquoi pas ”, “ je ne sais pas ”, “ attendre l’inspiration ”, “ je m’en sens bien incapable ”, “ ? ”.. Enfin, un adhérent nous renvoie la question : nous voilà arroseur arrosé : “ je ne sais pas… mais de quoi avez-vous besoin ? ”. On va y réfléchir.
A.D. |