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Juin 2005 numéro 40[Table des matières]
LE COIN DU PROF
«On dit que je me répète, disait Voltaire, mais je me répéterai jusqu’à ce qu’on se corrige ! » Eh, bien ! nous aussi. Maintes fois déjà nous avons signalé les scores factices des sondages politiques. À nouveau, dans le Point du 14 avril 2005 (p. 32), on nous présente les résultats d’une enquête de popularité. À 953 personnes, on a demandé si elles portaient un jugement « favorable » ou « défavorable » sur l’action de trente personnalités. La comparaison est faite avec une enquête identique faite un mois plus tôt. Selon le journal, 12 seraient en baisse et 14 en hausse, 4 restant au même niveau. Visiblement, ceci est déterminé uniquement par le score « favorable » : M.-G. Buffet, par exemple, est dite en hausse, ses « favorable » passant de 36 à 37 % ; mais sans tenir compte de ce que ses « défavorable » progressent, passant de 37 à 40 %. Si nous nous en tenons, donc, aux seuls « favorable », sur un petit millier de réponses, l’imprécision du sondage est de 3 points pour des scores de 30 à 70 % , ce qui est le cas pour la quasi totalité des personnalités concernées. Cette imprécision de 3 points en mars et autant en avril donne une incertitude comprise entre 4 et 5 points pour la variation. Dès lors, les variations rapportées là ne paraissent à peu près significatives que pour trois personnalités : deux en baisse (L. Jospin et S. Royal) et une en hausse (E. Guigou). Évidemment, publier une enquête pour un résultat aussi maigre n’aurait aucun intérêt. Aussi, le journal passe allègrement sur cette absence de fiabilité. Cela, pour le seul aspect de la précision numérique. Mais, il y a plus : il est visible que les enquêtés n’ont pas répondu à la question posée. Certains personnages sont actuellement au gouvernement ou se font entendre sur la scène publique (tel Ph. de Villiers ou F. Hollande). En revanche, quelle a été récemment « l’action » de ceux qui ont été connus mais n’interviennent plus que dans des cercles restreints (J. Lang, O. Besancenot) ? Le pourcentage de « ne se prononce pas » est important pour certains ministres actuels (35 % pour D. Perben et 50 % pour Th. Breton), ce qui laisse à penser que même ceux qui donnent une opinion parce qu’ils ont entendu le nom, en réalité ne perçoivent guère ce qu’ils font. En réalité, l’enquête reflète l’opinion que l’on a non pas de leur action, mais leurs personnes : et, ceci sur la base de ce qu’on en a connu et pensé depuis longtemps. Ce qui veut dire encore que l’opinion que les enquêtés manifestent à travers l’enquête n’évolue que lentement. Chercher à voir des variations d’un mois sur l’autre n’a aucun sens.
René Padieu |