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Novembre 2006– numéro 44[Table des matières]
DENOMBREMENTS
Vous vous souvenez peut-être qu’aux États-Unis d’Amérique toute personne ayant ne serait-ce qu’une goutte de sang noir était noire, d’où la possibilité d’avoir à terme 100 % de la population composée de Noirs quasi blancs (voir n°27 d’octobre 2001, « Le pays où le noir est couleur »). Un Hispanique, lui, pouvait être de toutes les couleurs... Avant 1960, c’était le recenseur qui décidait de la « race ». À partir de 1960, c’est le recensé. Cette réforme aurait pu « produire » davantage de Blancs (on estime que plusieurs dizaines de milliers de Noirs « franchissent la ligne » chaque année, changeant de quartier et se présentant comme Blancs ; en sens inverse, être Noir peut apporter les avantages dus aux « minoritaires ». Bref on recense la « race choisie » et non plus la « race affectée ». Pourquoi pas, à condition que les tableaux statistiques soulignent le changement de définition ? Et depuis le recensement de 2000, chacun peut déclarer être de plusieurs origines ethniques : nouvelles catégories statistiques ! Dans le cas des Indiens, il existe un certificat, le CDIB (Certificat de degré de sang indien) qui ne peut être délivré qu’aux membres de tribus reconnues par les autorités fédérales. Depuis qu’il n’est plus infamant, mais chic (et même pour certains aspects avantageux) d’être Indien, on voit se multiplier dans les tribus les blonds aux yeux bleus qui font parfois plus que leurs frères rouges l’effort d’apprendre leur langue grand-grand-grand maternelle. Un démographe ignorant ce détail pourrait induire de l’augmentation du pourcentage d’Indiens de fausses impressions sur leur fécondité. Bizarreries américaines ? En France, dans les sondages, on classe bien les « races » auto-indiquées et très mal définies que sont les socialistes, les libéraux et autres « pieds tendres ». Yves Montenay |