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Lettre d'information de Pénombre

association française régie par la loi du 1er juillet 1901

Avril 2007– numéro 45[Table des matières]

 

NOMBRES IRRATIONNELS


L'arroseur arrosé

Faisant écho à l’annonce par l’INSEE que la fécondité française avait atteint deux enfants par femme, M. Jean-Marie Le Pen a déclaré à ses sympathisants réunis le 21 janvier à la Plaine-Saint-Denis (Le Monde du 23 janvier) : « Le vrai bilan démographique, c’est l’effondrement des naissances françaises. Il y a environ 700 000 naissances d’enfants français de souche, sur un total de 830 000 naissances (1). Le nombre d’enfants par femme française est donc plus proche de 1,66 que de 2. »

La fécondité des femmes françaises n’est en rien égale à 1,66 : elle est légèrement inférieure à 2 enfants. Celle des femmes étrangères est un peu supérieure à 2, ce qui conduit à une moyenne de 2 pour l’ensemble du pays. D’où M. Le Pen sort-il donc cet absurde1,66 enfant ? D’après le « donc » de son propos, d’une règle de trois : puisqu’il y aurait 700 000 naissances françaises sur 830 000 au total, la fécondité des Françaises serait égale à 2 enfants multipliés par ce rapport, ce qui donne effectivement quelque chose comme 1,66 enfant. Ce calcul n’a aucun sens. La preuve : en faisant symétriquement le même raisonnement pour les femmes étrangères, on obtient pour celles-ci une fécondité de 2 x 130 000 / 830 000, soit 0,32 enfant ! Un vrai cataclysme, qui devrait réjouir notre homme !

Alfred Dittgen

1.- La répartition des naissances selon la nationalité n’est pas encore connue pour 2006. Dans les années antérieures les enfants ayant au moins un parent français, donc français – mais peut-être pas pour M. Le Pen - représentaient environ 92,5 % des naissances. Ce qui ferait pour 2006, environ 770 000 naissances françaises, et non pas 700 000, et environ 60 000 naissances étrangères, et non pas 130 000.