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Les inédits
Il n'est pas facile de faire simple Dernièrement le chef de Pénombre a intimé l'ordre à une partie de ses sujets de suivre le traitement des nombres dans les médias durant une semaine précise, en vue de la participation de l'association à l'émission de Daniel Schneidermann sur France 5 "Arrêt sur image". J'ai été chargé de lire Le Parisien. J'avoue avoir pris plaisir à cette lecture et découvert un quotidien qui s'efforce de donner des informations claires et compréhensibles par le plus grand nombre, en particulier au travers de chiffres, c'est-à-dire, un vrai quotidien populaire. Mais, en bon Pénombrien, j'ai quand même relevé deux articles un peu cafouilleux, dans deux domaines, où, il est vrai, le traitement des chiffres nécessite un grand doigté et où les raccourcis sont risqués.
Plus de délinquance de mineurs? plus de mineurs délinquants? Dans un article sur la délinquance (n° 16 929 du 9 février 1999, édition de Seine-Saint-Denis), on lit: "La délinquance des mineurs est en forte augmentation. L'information vient d'être officiellement confirmée par le préfet de Seine-Saint-Denis. (Celui-ci) a indiqué que 43,8% des infractions de voie publique (en 1998) sont le fait de mineurs. Une tendance "surtout marquée en matière de violences acquisitives"." On veut bien croire que la délinquance des mineurs est en augmentation. Mais cette tendance n'est pas illustrée par le chiffre fourni, lequel ne fait que mesurer une situation. On lit plus loin: Plus inquiétant encore, les délinquants sont de plus en plus jeunes. Sur les 7'625 mineurs mis en cause en 1998 (contre 6'547 l'année précédente), 49% ont de 16 à 18 ans, 41,2% ont de 13 à 16 ans et 9,8% ont moins de 13 ans. Comme le chiffre plus haut, la statistique donnée ici n'illustre absolument pas le rajeunissement des jeunes délinquants mais rend simplement compte de la situation en 1998. Incidemment, le lecteur attentif, pas fâché avec les opérations arithmétiques et muni d'une calculette peut voir que la délinquance des mineurs a augmenté de 16,5%. Mais comme on ne lui donne pas l'augmentation globale de ce phénomène, ni celle de la population, il ne peut rien en conclure.
Les pauvres plus taxés que les riches? Dans un article sur l'impôt (n° 16928 du 8 février 1999, édition de Seine-et-Marne) un encadré donne quelques explications, d'une part, sur l'impôt sur le revenu, d'autre part sur la TVA. Concernant l'impôt sur le revenu, il est rappelé que "plus on gagne d'argent, plus les taux d'imposition sont importants". Mais le paragraphe se termine par la phrase: "Proportionnellement ce sont les classes moyennes qui paient le plus." Comment interpréter cette dernière phrase, qui semble en contradiction avec ce qui précède? Les classes aisées dissimulent-elles leurs revenus ou s'exonèrent-elles par différents artifices, tels que des placements non imposables? Il faudrait alors le préciser. Ou cela signifie-t-il que, compte tenu de leur importance numérique, les classes moyennes paient plus d'impôts que les classes supérieures, dont les effectifs sont moins fournis? Information qui ne présente aucun intérêt quand il est question, comme dans cet article, de la contribution des Français en fonction de leur revenu. Concernant la TVA, il est rappelé que celle-ci s'applique à toute consommation, que son taux est de 20,6%, mais seulement de 5,5% pour les produits de première nécessité. Le paragraphe conclut: " Les familles nombreuses et aux revenus modestes paient proportionnellement plus qu'un célibataire au salaire élevé." Ici, le "proportionnellement" semble bien s'appliquer aux revenus. Or, si ces revenus dans chaque cas sont dépensés en totalité, la famille paiera proportionnellement moins que le célibataire, car sa consommation porte davantage sur des produits de première nécessité. L'assertion est cependant sûrement vraie, dans la mesure où la famille modeste dépense la quasi totalité de son revenu et le célibataire, qui a de quoi épargner, une partie seulement. Encore faut-il le dire! Alfred Dittgen |