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Les inédits

 

Les girouettes ont le vertige

Selon Investir (8 février 1999) le climat économique change si vite que les girouettes ont le vertige.

"Aux Etats-Unis, les statistiques confirment la bonne santé de l'économie (...) avec l'annonce d'une progression de 5,6% du PIB au quatrième trimestre, qui donne une croissance de 3,9% pour l'ensemble de l'année 1998. "Arrêtons-nous au passage sur ces chiffres: si l'on arrive à 3,9 en faisant 5,6 au dernier trimestre, c'est sans doute qu'on avait reculé de 1,7 au cours des neuf premiers mois. En effet, ça fait un changement radical! A moins que ... A moins que l'expression soit incorrecte. Supposition malveillante, mais qui peut venir à qui connaît un peu la façon de chiffrer et parler des comptables nationaux.

En français courant, une progression sur l'année s'entend comme s'étant produite entre le 1er janvier et le 31 décembre. Mais ici, il pourrait s'agir d'une hausse de 3,9% de la moyenne annuelle; autrement dit, ce serait la moyenne des quatre trimestres, qui serait de 3,9% au dessus du niveau moyen de l'année précédente: cette hausse dépend alors non seulement de ce qui s'est passé durant les quatre trimestres de 1998, mais aussi du profil des quatre trimestres de 1997. Vous me suivez? Non? Alors, c'est que c'est vraiment un peu compliqué et qu'alors il est un peu trompeur d'emballer ça dans une formulation simple "croissance pour l'ensemble de l'année". Ce n'est pas tout: le quatrième trimestre se situe à 5,6% au dessus; mais, au dessus de quoi? Du troisième, probablement. Ce qui ne permet pas de déduire où l'on en était, à la fin de ce troisième, quant à la croissance des neuf premiers mois. Et, ce n'est pas tout! Veut-on dire que le quatrième trimestre est à 5,6% au dessus du troisième? ou que, il est à un niveau tel que, si cette croissance constatée sur trois mois s'était prolongée sur un an, on aurait eu 5,6? Autrement dit, la croissance trimestrielle n'aurait été que de 1,4%. (Si votre voiture roule à 56 km/h pendant un quart d'heure, vous avez parcouru 14 km.)

Bref, ce n'est pas clair. Nous pourrions nous reporter aux publications américaines pour en avoir le coeur net. Mais avouez que si un article de journal n'est compréhensible que si on se reporte à ce qui est en amont, on ne voit plus bien à quoi sert cet article.

Mais, laissons cet embrouillamini arithmétique. Poursuivons notre lecture: "Tous les chiffres publiés dans les jours suivants sont allés dans le même sens, au point d'inquiéter les milieux financiers, qui ont commencé à redouter une montée des taux directeurs de la Réserve fédérale." Voici des gens circonspects: il n'est pas bon que les nouvelles soient trop bonnes.

 

René Padieu