La lettre grise Supplément à la lettre d'information de
Pénombre
association française régie par la loi du 1er juillet 1901 Fondée par Lucio Nero |
Lettre
grise spéciale 10 ans. Printemps 2003, numéro 8.
Avertissement aux historiens du futur
À la fin du XXe siècle,
en France, quelques personnes eurent cette idée étrange
de se regrouper pour critiquer les usages des nombres dans le débat
public et promouvoir une meilleure utilisation des connaissances chiffrées.
Pénombre, leur association, n’était ni un organe
de défense professionnelle, ni un cercle politique, ni une
entreprise commerciale. Pas même une tendance psychanalytique.
Spécialistes de la chronologie, il vous appartiendra de dire
s’ils n’étaient que des attardés nostalgiques
d’une époque où l’on avait cru pouvoir éclairer
un phénomène social en le mesurant ou s’ils annonçaient,
sans bien le comprendre, l’émergence d’un langage
généralisé du nombre, où tout, même
le mensonge, peut – et doit – se dire à l’aide
de symboles chiffrés.
Le document que vous tenez entre les mains (ou faites défiler
sur un dispositif visuel adapté) retrace un événement
singulier que Pénombre appelait «Grande nuit des élections».
Quatre heures durant, à ce qu’il est attesté de
tradition orale par les actuels adhérents du groupe international,
quatre heures entrecoupées de quelques moments de réjouissance,
le bilan que firent ces gens de Pénombre d’une période
électorale écoulée, oscilla entre ces deux positions.
Ils étaient environ cent cinquante –fait vérifiable
dans les archives financières de Pénombre – et
l’on ne sait si ce nombre, dix ans après la fondation
de l’association par sept personnes, justifiait le qualificatif
de «grande» ou bien si, choisi à l’avance
de façon prémonitoire, ce titre de «grande nuit»
dénonçait une campagne électorale dont tout argument
chiffré et éclairant semblait banni.
De conclusion, en un sens ou un autre, n’en cherchez
pas. De plan annoncé, il y en eut bien un, en quatre parties
: observation de l’usage des chiffres dans les programmes électoraux,
ce que les chiffres auraient pu apporter aux débats de la campagne,
comment le chiffre régule le processus électoral et, enfin,
le retour sur ces sondages qui avaient, à leur façon,
marqué profondément les élections de 2002. Le plan
fut suivi – le président de séance y veillait –
ce qui permet au lecteur pressé d’aller chercher dans cette
Lettre blanche et grise, à l’aide du sommaire détaillé,
ce qui a pu se dire sur un sujet ou un autre. Mais, surtout, l’ensemble
des participants se prit et se plut au jeu. Malgré une sensible
diversité d’opinions et d’approches, chacun put contribuer
à l’instauration d’échanges fructueux, fondés
sur un souci de clarté et de vérité. L’esprit
de Pénombre était bien là et la Rédaction
de la Lettre a choisi de retranscrire assez fidèlement les propos
de chacun pour le faire partager à tous ses adhérents
et lecteurs.
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