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COURRIER DES LECTEURS (Octobre 1999 - numéro 19)
Gravure anonyme illustrant "Tombée du nid",
Savorgnan de Brazza revisité - Courrier d'électeur - Froissant - On s'y emploie
Le dernier rapport de la Banque Mondiale sur l'Afrique attribue au Congo (Brazzaville) un taux de croissance économique avoisinant les 10%, soit l'un des plus élevés du continent, proche de celui de l'île Maurice et du Botswana. Consternation, puisque le Congo a connu durant la même année une terrible guerre civile qui a anéanti (entre autres) son économie! Renseignements pris officieusement auprès d'un membre de cette institution, ce chiffre a été calculé à partir des fonds versés (ou promis) pour la reconstruction du pays par les pays occidentaux, FMI, Banque Mondiale et autres. On calcule les montants et on traduit ça en termes de taux de croissance du PIB. Suffisait d'y penser. Dans la même logique, le Kosovo devrait connaître cette année le plus fort taux de croissance économique de son histoire et peut-être du monde. Allez disons 25%.
Antoine Labey, journaliste
Aux élections européennes du 13 juin 1999, beaucoup de partis politiques affichaient leur satisfaction. Notamment l'UDF dont le leader, François Bayrou, affirmait: "avec 9,28% des voix, nous avons obtenu un bien meilleur score que la liste de Simone Veil, qui, dans des conditions analogues, c'est-à-dire soutenue par la seule UDF, n'avait recueilli en 1989 que 8,42% des voix". Il faudrait d'abord s'interroger sur l'expression "conditions analogues", car entre 1989 et 1999, le paysage politique français en général et l'UDF en particulier ont bien changé. Mais en supposant que les conditions ont bien été analogues, il faut, pour déterminer la progression éventuelle de l'UDF entre ces deux élections, ne pas se référer aux suffrages exprimés, mais à l'ensemble des électeurs inscrits à chacune de ces deux dates. Or en 1999, les abstentions s'élevaient à 53,24% des inscrits et les votes blancs à 5,92% des votants. Les suffrages exprimés ne représentaient donc que:
Moins de 45% des électeurs français ont porté un intérêt aux élections européennes en 1999! La liste de François Bayrou a donc obtenu en 1999:
En 1989, il y avait eu 47,39% de suffrages exprimés par rapport aux inscrits. La liste de Simone Veil avait donc obtenu en 1989:
Quand on passe de 3,99% à 4,08% des "inscrits", on ne peut plus parler de bien meilleur score, mais plutôt de "quasi-stagnation". Ce raisonnement vaut aussi pour d'autres partis, dont le parti socialiste, qui, prudent, s'est bien gardé de tout triomphalisme lors des dernières élections, bien qu'il soit passé entre 1994 (liste Rocard) et 1999 (liste Hollande) de 14,49% à 21,95% des suffrages exprimés. Par rapport aux inscrits, ces pourcentages respectifs s'élèvent en effet à 7,56% en 1994 où il y avait eu 44,9% d'abstentions et 5,3% de votes blancs et à 9,66% en 1999, soit une progression de seulement 2,1%. Encore faut-il, pour relativiser encore plus cette progression, se rappeler qu'existait en 1994 une liste "radical de gauche" séparée de la liste socialiste - ce qui n'était pas le cas en 1999 - conduite par Bernard Tapie, qui avait raflé plus de 12% des suffrages exprimés.
Alain Marret
Loin de l'idée de vouloir censurer ou limiter la liberté d'expression de Pénombre que je reçois avec plaisir et lis toujours avec attention, je veux dire que j'ai été profondément troublée par la forme donnée à l'information concernant la condamnation à mort en Arizona de Claude Maturana. La condamnation et l'exécution y sont présentées comme un "jeu" ou une conséquence naturelle, et presque "légitime" du délit? Pourtant l'exécution d'un individu quel que soit le crime qu'il a commis est un acte répugnant, c'est le meurtre prémédité d'un prisonnier réduit à l'impuissance. Les jours qui le séparent de l'exécution, comme l'exécution elle-même, sont abominables.
Anne Ferrazzini
Ndlr: Bon d'accord, ce n'était pas terrible. Le rédacteur en chef en a été troublé.
Dans la Lettre blanche n°18, vous reprochez au Monde d'avoir écrit: "le travail précaire est le moteur de la hausse de l'emploi", et à la fin du paragraphe vous écrivez: "qui n'est en rien la cause de l'accroissement". Il me semble que ce point peut se discuter: les responsables du patronat prétendent depuis des années que c'est la difficulté pour licencier qui décourage les entrepreneurs de recruter. C'est évidemment discutable comme le montre l'exemple de Gattaz qui avait imprudemment fixé le nombre d'emplois qui seraient créés après la levée de l'interdiction de licenciement, mais c'est "discutable". Ensuite vous critiquez le Parisien pour l'affirmation: "on gagne 23% de plus à Paris qu'en province". Certes vous avez raison de dire que la nature des emplois n'est pas homogène et que ceux de la région parisienne sont mieux rémunérés parce qu'ils sont différents. Oui, mais il reste que dans son ensemble, la population de l'Île-de-France gagne 23% de plus que le reste de la population (ne serait-ce que parce que les patrons "gagnent" généralement plus que les ouvriers). Quant à l'incidence des impôts progressifs sur le revenu des mieux payés, elle va de soi mais n'est pas en contradiction avec le verbe "gagner". Quand je demande à quelqu'un combien il gagne, je ne m'attends pas à ce qu'il m'indique son revenu réellement disponible. Et même, la plupart du temps, il m'indiquera son salaire brut et non ce que lui verse effectivement son employeur. Continuez, et tâchez de nous trouver d'autres historiettes du genre de celle des économistes et des statisticiens en route pour un congrès. Je suis resté plusieurs semaines incapable de la raconter pour cause de fou-rire prématuré. C'est le genre de chose qui éveille ma gratitude!
Jean-Claude Maroselli |