Juillet 2002- numéro 30 [Table des matières]

Précisions sur l’imprécision

PVT m’ayant aimablement montré son texte avant parution, il me semble possible d’apporter une touche technique (Pénombre ne se contente pas de se gausser : elle éclaire ce qui cloche…). Prenons un des rares chiffres aventurés dans le compte rendu : 30 % de sodomie chez les hommes. Ceci permet d’encoder les mouches (expression informatique qui signifie faire un calcul minutieux). Admettons qu’il y ait moitié d’hommes dans l’échantillon de 70 : soit 35. 30 % de ce nombre fait 10 et demi. (Comme disait Labiche, il doit y avoir un « douteux ».) Si l’échantillon était aléatoire, cela voudrait dire qu’on a 19 chances sur 20 que la proportion réelle de sodomites soit comprise entre 15 et 45 %. (Pour les fanas de maths : Ö(pq/n = Ö(0,21/35) = ± 7,75 %, ce qui doublé donne à peu près 15 % en plus ou en moins.) Ça donne une idée de la marge d’incertitude. Mais ça ne semble pas justifier « la plupart ».

Autre détail numérique : les femmes de 35-40 ans seules après avoir vécu en couple. De 18 à 69 ans, ça fait à peu près 50 ans ; donc, sur 5 années, on doit en avoir un dixième. Le dixième de 35 fait 3 et demi. (Encore une douteuse.) Si on admet pour la simplicité, qu’elles ont toutes été en couple et si on retient qu’un mariage sur trois se termine par un divorce, même en admettant une plus forte instabilité de l’union libre, il devrait y avoir dans l’échantillon une ou au mieux deux femmes dans la situation décrite. S’il se trouve que celle-là, ou ces deux-là, « prennent des risques », c’est peut-être frappant, mais la généralisation est elle-même fort risquée…

Et, ces calculs d’imprécision supposent que l’échantillon était représentatif. Le livre dit peut-être comment il a été déterminé. Il faudrait s’en assurer ; sinon, les choses sont encore pis que ce qui précède.

Donc, tout ceci est bien léger. Si ce livre d’histoires gauloises a fait un tabac, il s’agit sûrement de gauloises légères.

René Padieu, statisticien