Lettre d'information de Pénombre
association française régie par la
loi du 1er juillet 1901 |
La Commission des comptes
de la Sécurité sociale annonçait début
mai un déficit record de 10,2 milliards d’euros du régime
général de la Sécurité sociale depuis
1995 (toutes branches confondues), en raison d’un trou «
historique » de 11,1 milliards de la branche maladie. Le ministre
de la Santé et de la Protection sociale a, quant à lui,
déjà indiqué que le déficit atteindrait,
en 2004, 14 milliards d’euros pour le régime général
dans son ensemble et 12,9 milliards pour la seule branche maladie.
» (les journaux).
Une recherche rapide sur l’internet des différents «
trous historiques » nous montre que ce n’est pas le premier
mais qu’ils ne sont pas si fréquents.
Ainsi, en 1999, l’Humanité écrivait à propos
du Crédit Lyonnais : « Depuis longtemps, ils (les syndicats)
font, logiquement, valoir leur point de vue sur la gestion de leur
banque, sur les 10 000 emplois supprimés en cinq ans par Jean
Peyrelevade pour combler le trou historique de 100 milliards de francs
(15 milliards d’euros), creusé au fil des aventures douteuses
qui ont marqué la banque dans les années 1980. »
En avril 2003, la Newsletter de 3ie.org nous informait que France
Télécom devrait annoncer une nouvelle perte nette record
pour l’exercice 2002, comprise entre 17 et 19 milliards d’euros,
après un premier trou historique de 8,2 milliards d’euros,
en 2001, mais assortie de résultats opérationnels et
d’un niveau d’endettement meilleurs que prévus
».
Et, plus récemment (mars 2004), Jean-Yves Hollinger évoquait
sur RTL « un bénéfice record pour Gaz de France
: 910 millions d’euros en 2003, en hausse de 9 %, tandis que
Vivendi Universal réduit ses pertes : un milliard d’euros
l’an passé, après le trou historique de 23 milliards
en 2002 ».
Ainsi, le trou de la Sécu ne bat pas (encore) les records et
s’inscrit dans la bonne moyenne des « trous historiques
».
Mais il y a un autre « trou historique » dont fait état
l’Académie de Versailles (http://www.ac-versailles.fr/pedagogi/lettres/queneau/queneau.htm)
dans ses pages sur R. Queneau et à propos de l’organisation
des 21 chapitres de ses Fleurs bleues en cinq périodes de quatre
chapitres chacune, plus un énigmatique vingt-et-unième
chapitre, avec un « Appel aux mathématiciens »
reproduit ci-après.
« Combien de nombres entiers n inférieurs à 175
y a-t-il qui ont pour propriété, additionnés
à un nombre entier m terminé par 4 ou plus généralement
à un nombre pair, ou plus généralement à
un nombre entier quelconque, d’aboutir au résultat suivant
:
P1 : m + n = un nombre premier
P2 : m + 3 n = un nombre premier
Pour l’instant, je n’ai pu que faire la constatation suivante
:
-
pour m = 1, on a n = 2, 4, 6, 10, 12, 22,
42, 46, 52, 60, 66, etc., c’est-à-dire tous les nombres
premiers - 1 (en éliminant parmi ces nombres premiers le
2 et tous ceux qui se terminent par 9, puisque 9 - 1 = 8 qui multiplié
par 3 donne un chiffre 4 aux unités, et donc un nombre
divisible par 5 en y ajoutant 1) ;
-
pour m = 2, on a n = 1, 3, 5, 7, 9, 13, 15,
17, 19, 23, 27, 29, 33, 35, 37 autrement tous les nombres impairs
jusqu’à 37 sauf ceux, supérieurs à
1, qui ont 1 à l’unité (1x 3 = 3 ; 3 + 2 =
5). Après, on a n = 43, 45, 49, les trous s’expliquant
par la divisibilité de (3 n + 2) par 7, 19 etc. ;
-
pour m = 3 et tous les nombres multiples de
3, il n’y a pas de n puisque 3 + 3 n = 3 (1+n) ;
- pour m = 4, on a n = 1, 3, 9, 19, 23, 25, soit les mêmes
conditions que pour 2, sauf que n ne peut pas être terminé
par 7 (3 n + 4 est dans ce cas toujours terminé par 5),
ce qui est vrai pour tout m ayant le chiffre 4 à l’unité
;
-
....
-
pour m = 1 264, on a n = 13, 39, 55, 61, 135,
159, 163, 165, 175. Parmi cette dernière série de
nombres n, seuls 55, 135, 165 et 175 ont la propriété,
pour des raisons évidentes (2 x 5 = 10) de faire revenir
deux nombres terminés par le même chiffre : 1 264
+ 2 n = 1 614 ; 1 264 + 4 n = 1 964, ce qui était dans
tous les cas, semble-t-il, le but recherché par Queneau,
qui est comblé par le fait que les nombres de départ
et d’arrivée ont leurs deux derniers chiffres communs
(d’où l’"épatant !").»
« Anne-Marie Jaton (professeur de littérature française
à l’Université de Pise et auteure de « Lectures
des fleurs bleues », Ndlr) pratique plutôt l’addition
que la multiplication. La date initiale du roman (1264) est ainsi
équivalente à la date initiale de la vie de Queneau
(1903) : 1 + 2 + 6 + 4 = 1 + 9 + 0 + 3 = 13, ce qui est également
le résultat du trou historique de 175 ans qui sépare
les époques : 1 + 7 + 5 = 13. Elle s’appuie sur le principe
du jeu de tarot selon lequel tout nombre supérieur à
21 se réduit à la somme de ses chiffres. »
Partir du trou historique pour revenir à Queneau, voilà
qui est plaisant. DOUKIPOMTAN (de fric) ? aurait certainement dit
Zazie à Douste…
Daniel Cote-Colisson
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