RELISANT L’ARTICLE
« Impôt cible ? » de François Pradel de Lamaze
paru dans le numéro 30 et, précisément, «
l’explication » de François Fillon sur la «
difficulté de convaincre », je me suis interrogé.
Pour mémoire, il nous explique que « lorsqu’il
[Jacques Chirac] annonce une baisse des impôts de 30 %, cela
signifie une réduction de 5 % pendant cinq ans. » Il
paraît douteux d’appliquer en 2005 un barème basé
sur l’impôt payé en 2002 et il est impossible de
le faire sur les taux par tranche.
La logique m’indique donc qu’en 2004 s’appliquera
une baisse de 5 % sur l’impôt de 2003, en 2005 une baisse
sur celui de 2004. Si tel est le cas, « une réduction
de 5 % pendant cinq ans » ne donne pas, après cinq ans,
une baisse de 30 %, mais une de moins de 25 % (pour être précis
22,62190625 %). Pour le citer de nouveau, comme nous le disait M.
Fillon en mars 2002 : « la difficulté est de convaincre
»…
Olivier Hammam
Ndlr : d’autant plus difficile de convaincre qu’en
2005 la baisse sera de 0 %.
Je viens de découvrir votre site et ça a été
un plaisir. Une source récurrente d’énervement
lié à l’utilisation de chiffres est le bilan comparatif
prenant pour référence l’activité de l’année
précédente.
Exemple : l’hôtellerie. L’indicateur choisi est
le nombre de nuitées. Supposons qu’en 2003, le nombre
de nuitées en France ait baissé de 3,7 % par rapport
à 2002. Serait-ce donc une année catastrophique ? Il
me semble que le désastre est moins important qu’annoncé
si, par exemple, le nombre de nuitées en 2002 avait augmenté
de 4 % par rapport à 2001. Ainsi, il me paraîtrait pertinent
de prendre l’habitude de prendre une référence
plus étendue dans le temps pour évaluer les variations
d’une activité : par exemple la moyenne des cinq dernières
années. Sinon, il devient à peu près inévitable
qu’une année faste laisse place à une année
considérée comme mauvaise.
J. Germoni
Quand mon fils était à l’école
primaire, il y a une quinzaine d’années, on disait en
substance : « savoir lire, écrire et compter ne suffit
pas, il faut mettre l’accent, à l’ école
primaire, sur des activités d’éveil ». Quelques
années après, est venu le « recentrage sur les
fondamentaux : apprendre à lire, écrire et compter ».
Et cette fois je lis dans Le Monde (« Les «nouveaux»
programmes du primaire sont généralisés »,
1er Septembre 2004) : « Il faut que les élèves
maîtrisent les outils du travail intellectuel qui leur sera
demandé dans l’enseignement secondaire, et c’est
ce qui rend impérieuse l’exigence de maîtrise de
la langue, de la lecture et de l’écriture. » Je
sais bien que maths, langage, lecture et écriture sont indissolublement
liés, mais est-ce vraiment bon signe pour l’association
Pénombre du futur cette disparition du « calcul »,
du « savoir compter » dans les priorités explicites
de l’enseignement primaire ?
Stella Baruk, au secours !
Karin van Effenterre
PS. Je vous conseille l’ouvrage de Stella Baruk
: «Quelles mathématiques pour l’école ?»,
facile à lire, avec des anecdotes savoureuses, souvent iconoclaste
(non pas vraiment caricatural mais passionnément provocateur...).
Ce livre enrichit bien la réflexion sur la partie « nombre
» de l’enseignement mathématique à l’école
primaire.
Je vais sans doute passer pour un demeuré
aux yeux d’un grand nombre de mes concitoyens mais tant pis.
À soixante quinze ans passés j’ai découvert
une vérité évidente et cependant surprenante
pour le profane. Il s’agit du fait qu’en matière
de Bourse, à taux égal, une baisse est toujours plus
importante qu’une hausse. 1 000 moins 10 % donne 900. Mille
plus dix pour cent donne 1 100. Mais le mouvement inverse fait gagner
seulement 90 dans le premier cas et perdre 110 dans le second. Il
en résulte qu’une série régulière
de hausses et de baisses de même taux font inexorablement fondre
le capital initial.
J.C. Maroselli
Ndlr : une petite simulation sur tableur montre que
pour un capital initial de 1 000, il reste moins de 1 au bout de 682
baisses et hausses consécutives de 10 %. Si ces mouvements sont
journaliers on a 4 ans pour se ruiner.
Une réponse de...
Heureusement pour les boursicoteurs, les opérateurs ne négocient
pas en proposant des taux de hausse ou de baisse, mais en proposant
un prix absolu, en euros.
Ainsi, ils peuvent passer, par exemple, de 150 euros à 180,
puis revenir à 150. Et, ceci, autant de fois qu’ils le
veulent, sans jamais en définitive avoir gagné ni perdu
!
Quant à savoir si on s’enrichit en bourse ou si on se
ruine, ça dépend d’autres facteurs que de simple
arithmétique.
Mais, j’ai toujours éprouvé un autre paradoxe
: on comprend bien qu’une personne puisse gagner ou perdre.
Toutefois, si l’on considère le marché dans son
ensemble, les opérateurs se vendent les uns aux autres. L’un
perd ce que l’autre gagne. Globalement, on ne voit pas d’où
viendrait qu’ils s’enrichissent tous ni qu’ils se
ruinent tous…
... Jean-Pierre Haug
Une ancienne coutume campagnarde européenne
veut que les œufs se vendent par treize pour une douzaine («treize
à la douzaine»), sans doute pour conjurer quelque sort.
Comme cette conjuration d’un sort va bien avec une coutume campagnarde
!
En fait, ainsi que me l’a expliqué ma grand-mère
quand je lui posais la question, c’est parce que sur douze œufs
il pouvait très bien s’en trouver un d’abîmé.
Cela n’a plus lieu d’être avec la rationalisation
de l’élevage. Mais on peut encore demander à son
poissonnier treize huîtres à la douzaine, et voir sa
réaction.
Et c’est parce que les moules sont vendues au poids qu’on
ne peut pas, injustement à mon avis, en demander quatorze à
la douzaine.
En vous félicitant - et même vous remerciant - pour l’intérêt
de vos articles.
Yves Paupli