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Dans son livre « L’écologiste sceptique »(1), Bjørn Lomborg annonce dès la préface ses objectifs : contribuer « à un examen démocratique et élaboré sur l’état réel de la planète », « exposer les problèmes et les examiner pour évaluer leur importance au niveau des priorités sociales et de façon globale ». Louables intentions. À leur appui, un très grand nombre de chiffres : « les chiffres peuvent être passionnants justement parce qu’ils confrontent les mythes à la réalité et nous offrent un point de vue plus clair du monde. » L’ensemble représente plus de 700 pages. Voici quelques impressions sur une petite partie de ces pages. Ces lignes ne prétendent aucunement juger l’ensemble. J’espère que d’autres donneront leur avis. Le PIB, champion du monde de saut en hauteur(2) Le chapitre 6, intitulé « Prospérité »,
nous donne des tas de bonnes nouvelles. Pauvres de nous Un peu plus loin se pose, naturellement, la question
de la répartition des richesses actuelles. Là aussi, les
nouvelles sont bonnes : « au cours des 50 dernières
années, ce sont 3,4 milliards de personnes qui ont quitté
le statut de pauvres» (p. 127). Soustraire ou diviser, il faut choisir Si on compare le « monde développé » et le « monde en voie de développement », l’accroissement des richesses se fait en parfaite harmonie, comme l’indique le graphique suivant (p.126) : Et il ne faut pas écouter les mauvais esprits : « le
Worldwatch Institute et l’Unicef, pour ne citer qu’eux, se
plaisent à affirmer que la différence en termes de dollars
entre les riches et les pauvres a augmenté. Mais c’est un
impératif mathématique. Quand les riches et les pauvres
démarrent à des niveaux de richesse différents et
que le pourcentage annuel d’amélioration a été
pratiquement identique, la différence absolue entre eux a forcément
augmenté » (p. 131). 200 000 fois des lieues dans les airs Dans ce même chapitre, on apprend aussi que le monde est beaucoup
plus sûr. Par exemple, les risques d’accidents d’avion
« sont 150 fois moindres qu’en 1940, à tel point
qu’aujourd’hui, le risque encouru sur un milliard de kilomètres
est de 0,13 (en moyenne, il faudrait parcourir 7,5 milliards de kilomètres
en avion, soit faire 200 000 fois le tour du monde, pour être
sûr de trouver la mort) » (p. 148). À l’AIDS, les morts du sida ont disparu ! De plus, « le taux de mortalité dû aux catastrophes naturelles est en forte diminution depuis le début du XXe siècle » comme le montre le graphique ci-dessous (p.146) :
C’est sûrement vrai pour les inondations, raz-de-marée,
tempêtes, sécheresses, famines, tremblements de terre et
éruptions volcaniques, et tant mieux, puisqu’on me le dit.
Mais quand même, pour les épidémies, j’ai un
doute : fin 1999, le rapport de la Conférence de Durban sur
le sida estimait à au moins 18 000 000 le nombre de morts
du sida depuis le début de l’épidémie, au commencement
des années 80. Ça ne me semble pas pouvoir faire moins d’un
million de morts par an en moyenne pour les « 1990s ».
Soit environ 16 ou 17 pour 100 000. Où sont-ils ?
Françoise Dixmier (1) Le cherche midi, 2004.
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