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Lettre d'information de Pénombre

association française régie par la loi du 1er juillet 1901

Mars 2005– numéro 39[Table des matières]

 

TUTTI FRUTTI

Gros plan

Les Américains ont grossi de 11 kg en 42 ans (La Croix, 8 novembre 2004). Il paraît que c’est grave. Ça fait un peu plus de 250 g par an. Moi, qui ai pris 2 kg cette année, il faut que je m’inquiète. À ce rythme dans 42 ans, ça me ferait 84 kg de plus, c’est-à-dire 136 kg. Je devrais peut-être demander la nationalité américaine pour limiter le désastre. Ou, malienne, ça me paraîtrait encore préférable. Il y a quand même quelque chose qui intrigue, dans l’étude rapportée ici : on y dit que les femmes de 20 à 29 ans (j’en ai à peine plus) ont, quant à elles, grossi de 13 kg, mais on n’a pas l’air de dire qu’elles ont quarante-deux ans de plus. Vieillir sans grossir ou grossir sans vieillir : cruel dilemme. Ça demande réflexion.

 

Mélanie Leclair


Paris se réveille?

Les médias nous ont annoncé à la mi-janvier 2005 les résultats du premier « recensement rénové » de la population, effectué début 2004, que l’Insee appelle aussi « enquête de recensement », car l’opération, dans les communes de plus de 10 000 habitants, est un sondage portant sur environ 8 % des logements. Pour Paris, le résultat est de 2 143 000 personnes, chiffre à comparer à celui obtenu par le dernier recensement classique de 1999, 2 126 000, soit donc 17 000 personnes de plus. Cette faible variation, + 0,8 %, est néanmoins très remarquable, car c’est la première fois depuis un demi- siècle que ce chiffre est en augmentation. En effet, celui-ci n’a fait que décroître depuis 1954, où il était de 2 849 000.

Mais cette augmentation correspond-elle à une réalité ? Laurent Fary, porte-parole de Bertrand Delanoë, en est convaincu : « C’est la même chose qu’un sondage. Un chiffre tout à fait fiable » (20 Minutes du 17 janvier 2005). Propos contradictoire, puisqu’un sondage comporte une marge d’erreur par nature. Cela étant, cette erreur est d’autant plus faible que l’échantillon est grand. Or, à Paris, cet échantillon comporte plus de 100 000 logements (1 300 000 au total x 8 %), ce qui est beaucoup. Elle ne devrait donc pas être très grande.

En revanche on peut craindre une autre erreur. Celle-ci concerne les omissions ou plus précisément la variation du taux d’omission. Un recensement laisse toujours échapper des ménages. Après le recensement de 1990, l’avant-dernier recensement classique, on a estimé grâce à une enquête ad hoc, qu’il y avait eu 1 % d’omissions nettes (omissions moins doubles comptes). Le dernier recensement classique, celui de 1999, n’a pas bénéficié de ce type d’enquête, mais différents recoupements de chiffres permettent d’évaluer ses omissions à 2 %, soit donc un point d’omission de plus. Ces omissions existent inévitablement dans l’ « enquête de recensement ». Mais on peut penser qu’elles sont moindres, d’une part, parce que les agents recenseurs moins nombreux peuvent être mieux contrôlés et, d’autre part, parce que leur sont affectées des adresses précises à recenser au lieu de la totalité d’un îlot ou d’un quartier dans le recensement classique. Il n’y aurait donc rien d’étonnant à ce que le taux d’omission de 2004 soit retombé à celui de 1990, voire soit moindre que celui-ci. Or, une baisse de ce taux d’un point conduit, à Paris, à une augmentation 21 000 personnes. Dans cette hypothèse, la population de Paris, non seulement n’aurait pas augmenté, mais diminué !

Cela étant, la population officielle de Paris, ce que l’on appelle la population légale, sera sûrement créditée des 17 000 personnes, vraies ou fausses, supplémentaires. Tant mieux pour la municipalité et les Parisiens, puisque ce chiffre détermine la « dotation globale de fonctionnement », ce que l’État verse à la ville. Quant à la population réelle… ?

 

Alfred Dittgen


Combien de sunnites?

Le n°743 de Courrier International, p. 37, nous donne une carte des groupes ethniques et religieux en Irak et précise dans la légende qu’il y 20 % de sunnites, proportion souvent citée. À côté figure une carte administrative indiquant les « régions où il sera dangereux d’aller voter. Elles regroupent plus de la moitié de la population irakienne et sont majoritairement peuplées de sunnites ». Il en découle qu’il y a donc au moins 25 % de sunnites, et sans doute nettement plus (plus de la moitié de plus de la moitié, plus ceux qui sont en dehors de ces régions, assez nombreux si l’on compare les deux cartes).
À mon avis, personne ne sait combien il y a de sunnites en Irak, mais il vaudrait mieux le dire que de se contredire.

 

Yves Montenay


Encore plus fort

Notre président vient de réactiver sa promesse de baisse d’impôt, qui, si je me souviens bien, devait être de l’ordre de 5 % par an. Dans ce domaine il y a mieux. « Keep School, le soutien scolaire à domicile », nous incite (dans une pub dans les transports en commun) à payer des heures de soutien à nos têtes blondes, qui nous garantiront : « 50 % de réduction d’impôt par heure ».
Au bout de la première heure, nous n’avons donc plus que 50 % à payer, au bout de la deuxième, 25 %, etc. Au bout de la journée, ce que l’on doit encore à l’État doit se compter en centimes.
Mais re rêvons pas. Il doit s’agir, en réfléchissant bien, d’une réduction d’impôt égale à 50 % de la dépense, comme pour les dons aux bonnes œuvres.
J’espère que cette brillante école n’enseigne ni les statistiques, ni la rédaction de texte.

 

Jean Célestin


Dis, Monsieur Cadbury...

France 2, JT du 15 décembre 2004. Dominique Tchimbakala présente la mission Deep Impact.
« Les scientifiques de la NASA s’apprêtent à percer les secrets de P/Tempel 1. Pour la première fois, une sonde spatiale percutera une comète. La sonde rencontrera l’astéroïde après un voyage de 6 mois. Le choc provoquera un cratère de près de 37 000 km et des débris bien précieux (…) ».
Joli trou, alors que le périmètre de la terre est de l’ordre de  40 000 km ! Voici qui en bouche un coin, n’est-il pas ? Ce n’est plus Deep Impact, c’est Deep Throat.
Où est donc l’erreur ?
Le site de la NASA précise que les objectifs de la mission Deep Impact sont bien de rencontrer la comète P/Tempel 1 et de lancer un projectile sur son noyau, de façon à conduire des observations sur les ejecta.
À 880 000 km de la comète, un impacteur cylindrique de 350 kg attaché au véhicule de survol sera lâché qui frappera la partie éclairée du noyau de la comète à une vitesse de 10,2 km/s et formera un cratère de 25 m de profondeur et de 100 m de large, éjectant dans l’espace des matériaux issus de l’intérieur du noyau.
Et 10,2 km/s, c’est 37 000 km/h.

 

Daniel Cote-Colisson