A l’approche des chaleurs de l’été, ce coin d’ombre : nouvelle rubrique que poésie et philosophie rendront rafraîchissante. En inauguration, ce texte d’un qui passe la plus clair de son temps dans un rond de lumière.
Regardez ! Oh la belle obscurité ! Oh que c’est beau ! Il y a longtemps que je n’avais vu une telle obscurité ! On ne sait plus ce que c’est que l’obscurité. À force de vouloir faire la lumière sur tout, on ne distingue plus rien !
Ecoutez, je croyais connaître cet endroit... eh bien, à la faveur de la pénombre, j’y découvre des choses... Regardez... regardez ce coin sombre ! Tout à l’heure, à la lumière, il passait inaperçu ! Où est-il passé ?
Ah ! Ce que c’est beau ! Ce sont les ombres d’antan ! On n’en fait plus des comme celles-là ! Les ombres, pour bien les voir, il faut les regarder à la lueur d’une bougie ! [...].
Raymond Devos, Matière à rire, Plon, 1993.
Les ombres d’antan, p. 16.
Texte proposé par Victor Descombres
Pénombre, Juin 1994