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Courrier

Un raisonnement bien curieux (peut-être sous l’emprise du vin nouveau) dans les Dernières Nouvelles d’Alsace (13 septembre 2003) à propos des machines à vendanger : “ les prestataires [de ces machines] n’ont pas le droit de travailler à l’heure, mais doivent être rémunérés à l’hectare, pour qu’ils prennent le temps nécessaire pour bien faire les choses. ”

Daniel Reisz
 

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Selon France 2 (le 3 septembre 2003, 18h55) la Nouvelle-Calédonie est à “ plus de 20 000 km de la Métropole ”. Si la distance entre deux points n’est plus le plus court trajet qui les joint, alors on peut trouver un itinéraire qui mette la Place de la Concorde, à Paris, à 800 000 km de la Madeleine.

Nicolas Sarkozy à TF1, le 15 septembre à 20h15 : “ Il existe 8 000 délinquants sexuels ”. Possible. Mais, comment le sait-on ?

René Padieu

 
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“ If I say something which you understand fully in this regard, I probably made a mistake. ”

Alan Greenspan
président de la Réserve fédérale américaine

 
 
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“ Consciente de son vieillissement, notre société se doit de promouvoir le “ goût de l’avenir ”. Victor Hugo disait “ on voit de la flamme dans les yeux des jeunes gens, mais dans l’œil du vieillard, on voit de la lumière ”. Équilibrons la flamme de l’avenir et la lumière de la sagesse. ”

Jean-Pierre Raffarin
Discours d’installation du Haut conseil
pour l’avenir de l’assurance maladie,
13 octobre 2003


n.d.l.r. Le rédacteur du discours a dû lire le numéro 31 de la Lettre blanche, où cette citation de Victor Hugo figurait en exergue. Merci du clin d’œil.
 
 
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Dans le numéro précédent, un lecteur s’étonnait de trouver des taux de scolarisation supérieurs à 100 %. Il y a de quoi ! L’explication est néanmoins simple. Le taux de scolarisation dans le primaire est le rapport entre le nombre d’élèves qui fréquentent ce niveau et le nombre d’élèves qui ont l’âge de le fréquenter. Supposons que dans un pays où la scolarisation est obligatoire de 6 à 10 ans, tout le monde va à l’école, mais certains y entrent dès 5 ans et d’autres y traînent après 10 ans, on peut (ce n’est pas certain car certains peuvent passer dans le secondaire avant 11 ans) aboutir à des taux au dessus de 100 %. Ce qui fait problème ce ne sont pas ces valeurs mais leur désignation. En effet, un taux en règle générale est un sous-ensemble sur un ensemble : le taux de fumeurs chez les hommes est le nombre de fumeurs divisé par le total des hommes ; le taux de natalité est le nombre de nouveaux arrivés dans la population divisé par la population totale. C’est pourquoi il vaudrait mieux dénommer cet indicateur, “ indice de scolarisation ” ou “ rapport de scolarisation ”, ce qui est plus neutre, ou ramener d’autorité tous ces “ taux ” supérieurs à 100 %, à 100 %.
 
A.D.
 
 
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Depuis mon déjà ancien message sur la “ couleur ” dans les recensements américains (n°27, octobre 2001), la situation a évolué. Les formulaires du recensement proposent maintenant six catégories raciales. De plus en plus de citoyens choisissent “ blanc ”, par exemple les récents immigrés afghans et un nombre croissant de latinos, la moitié. Les deux tiers des 28 millions de citoyens américains d’origine étrangère se sont identifiés comme blancs au recensement de l’an 2000. Cela certes parce que leur peau n’était pas très foncée, mais aussi pour une raison psychologique : être “ blanc ” est une confirmation du fait d’être maintenant Américain. Bien entendu cela mine peu à peu le cliché traditionnel du WASP (blanc anglo-saxon et protestant, souvent pâle et blond). Par ailleurs, la situation traditionnelle dans laquelle était “ noir ” le mulâtre ayant une goutte de sang africain, bien qu’extérieurement blanc, disparaît maintenant que l’on peut cocher plusieurs origines raciales, ce que font un nombre croissant de citoyens. Finalement ce sont 75 % des recensés qui se définissent aujourd’hui comme entièrement ou partiellement “ blancs ”, alors qu’avec l’ancienne règle, on aurait pu théoriquement aller jusqu’à 100 % de “ noirs ”.

Yves Montenay

 
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Une révélation grâce à Pénombre, qui me rend plus attentive dans mes lectures. Le saviez-vous ? Le palmarès des personnalités, qui donne régulièrement l’abbé Pierre en premier, et des gens dont je ne connais même pas le nom à partir du 3ème ou du 4ème (je connais celui du second, c’est Zinédine Zidane), est fait sur un échantillon représentatif suivant la méthode des quotas comme de bien entendu…, mais les sondés doivent choisir dans une liste pré établie de 50 noms !! et dans cette liste, j’ai bien l’impression qu’il y a surtout … des gens de la télé !

Karin V.E.

 
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Point encore adhérent, mais très intéressé par vos activités, je vous signale cette information parue dans Le Monde daté du 29 août 2003, “ La France dans la moyenne européenne ”, à propos du nombre de jours fériés.

“ La France, avec ses 11 jours fériés par an, se situe dans la moyenne de l’UE : en 7e position après l’Espagne, la Finlande et le Portugal (14), l’Allemagne et l’Autriche (13) et la Grèce (12). Les Pays-Bas et le Royaume-Uni (8) ferment le classement. ”

Si l’on s’en tient aux informations fournies, dans une Union Européenne qui ne compterait que neuf membres, la moyenne des données est de 11,89 et la médiane de 13. La France, avec 11 jours fériés, se place en-dessous...

Jacques Derouin, journaliste

 
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Certes, mais notre ami journaliste est un peu pinailleur. Si sur quinze pays, 7 sont au-dessus de la France, elle ne doit pas être loin de la médiane et la moyenne calculée sur les sept premiers et les deux derniers est forcément plus élevée. Pourquoi faudrait-il donner toute la liste (c’est la conclusion implicite de J. Derouin) pour pouvoir affirmer que la France est dans la moyenne ? Et quitte à pinailler, on peut se demander s’il existe une définition unique du jour férié entre les quinze. Mon agenda donne pour les “ jours de fête ” :

 - Allemagne : 14, dont 3 dimanches systématiques (Pâques, Pentecôte, Dimanche des Morts), 4 non dimanche = 11.
 - Autriche : 15, dont 2 dimanches (Pâques, Pentecôte), 3 non dimanche =13.
 - Belgique : 15, dont 2 dimanches (P et P), 3 non dimanche, mais il y a trois fêtes distinctes pour les communautés allemande, flamande et française, ça fait trois jours fériés ? = 11 sinon.
 - Danemark : 14, dont 2 dimanches (P et P), 4 non dimanche = 12.
 - Espagne : 12, dont 2 dimanches (P et P), 1 non dimanche = 10.
 - Finlande : 15, dont 2 dimanches (P et P), 3 non dimanche =13.
 - France : 13, dont 2 dimanches (P et P), 3 non dimanche = 11.
 - Grèce : 13, dont 1 dimanche (Pâques), 4 non dimanche = 12.
 - Irlande : 10, dont 1 dimanche (mais, plus prévoyants, les Irlandais ont 5 lundis de fête, ce qui empêche ces fêtes de tomber le dimanche !) = 9.
 - Italie : 12, dont 1 dimanche (Pâques), 1 non dimanche = 11.
 - Luxembourg : 12 ; dont 2 dimanches (P et P), 3 non dimanche = 10.
 - Pays-Bas : 11, dont 2 dimanches (P et P), 4 non dimanche = 9.
 - Portugal : 13, dont 1 dimanche (Pâques), 1 non dimanche = 12.
 - Royaume-Uni : pas très uni pour les jours de fêtes avec des “ fériés bancaires ”, qui semblent tomber toujours le lundi (hypothèse de calcul) ou un lendemain de fête.
 - Angleterre et Galles : 8, avec 0 dimanche, 5 non dimanche = 8.
 - Écosse : 8, avec 0 dimanche, 5 non dimanche, mais pas les mêmes jours = 8.
 - Irlande du Nord : 10, dont 0 dimanche, 5 non dimanche = 10.
 - Suède : 15, dont 2 dimanches (P et P), 4 non dimanche = 13.

Donc cette source (mon agenda) ne donne pas les mêmes résultats que le quotidien de référence et mon exploration montre que les jours féries fixes dans la semaine en dehors du dimanche sont susceptibles de compliquer le tableau : les pays du RU avec 8 jours de fêtes, dont 5 lundis, ne doivent pas être loin de l’Italie, qui peut voir ses 11 jours réduits par les fêtes tombant un dimanche.

B. A. de C.

 
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Il y a quelques temps, en lecteur consciencieux du quotidien Le Monde, j’ai envoyé un courrier pour faire part de mon agacement devant l’usage répété et fort mal approprié du terme “ barre symbolique ”. Voici ce que j’écrivais :

“ Dans l’éditorial du Monde en date du 12 sep- tembre 2003, on a de nouveau droit à une “ barre symbolique ”, cette fois, celle des 10 % de la population active… inactive. En août, ce fut la “ barre symbolique ” des 10 000 morts du fait de la canicule ; l’an dernier, parmi d’autres, la “ barre symbolique des quatre millions de délits ” (remarquez qu’ici, ce fut unanime, tous les quotidiens, de L’Humanité au Figaro en passant par La Croix, Libération et Le Parisien s’y étant mis). Et bien, ça me pose problème : d’abord, métaphore pour métaphore, pour un pourcentage “ seuil ” ou “ niveau ” s’appliqueraient beaucoup mieux que “ barre ”. Ensuite, où est le symbole ? Comme nous le dit le Petit Larousse, un symbole est soit un “ signe figuratif, être animé ou chose qui représente un concept, qui en est l’image, l’attribut, l’emblème ”, soit un “ signe conventionnel abréviatif ”. Or, la “ barre ” des 10 % de chômeurs ne “ représente ” rien qu’elle-même : ce n’est pas un symbole mais un fait, une réalité effective…

(D’ailleurs, c’est plus général : dans la presse et les médias on use et abuse, pour parler de réalités effectives, des termes “ symbole ” et “ symbolique ”. Revenez à plus de bon sens !) ”

Le progrès ! Il n’y a que ça de vrai ! Sur mon autre médium favori, France Culture, je viens d’entendre parler, dans le journal de 22 heures du 31 octo- bre 2003, d’une nouvelle barre, “ la barre psychologique des 10 % de chômeurs ”. Laquelle “ barre psychologique ” est censée miner le cerveau des con- sommateurs, qui cesseraient d’acheter, et des entrepreneurs, qui cesseraient (s’ils l’avaient fait auparavant) d’investir, “ psychologiquement bloqués ”, peut-on supposer, par cette barre. En toute sincérité, comme observateur distancié, j’ai l’impression que la “ barre psychologique ” des 9,6 % de chômeurs est certes moins ronde et moins exacte que celle des 10 %, mais tout aussi démoralisante. Me trompe-je ?

Olivier Hammam
 
 
PS : Incidemment, j’ai eu le plaisir d’être cité par le médiateur du Monde à propos des “barres symboliques” dans sa dernière chronique, “Fausses barres et vrais poncifs”, (8-9 novembre 2003), … mais le déplaisir de me faire classer parmi “certains lecteurs [qui] font une fixation sur un mot, une expression, qui gâche leur plaisir quotidien”. Rien n’est parfait...


n.d.l.r. : souvenez vous , cher Olivier, de l’éditorial du numéro 27 de la Lettre blanche épinglant cet usage abusif des barres et concluant, à propos des journaux : “ peut-être leur mettons-nous la barre un peu haut ? ”

 
 
Pénombre, Décembre 2003