Pour remplacer « des milliers » d’emplois aidés, il a été annoncé la mise en place d’un nouveau système, les « parcours emplois compétences ». Ce dispositif est censé permettre de prouver que « nul n’est inemployable ». La ministre se donne deux ans pour ceci et aurait affirmé qu’il n’y aura pas de « politique du chiffre ».
Tiens, deux ne serait donc pas un chiffre et zéro (nul) non plus ? Cela dit, on peut regretter que ces parcours emplois compétences n’aient pas été, au moins, expérimentés et même mis en place avant la suppression d’une centaine de milliers d’emplois aidés, sur environ trois cent mille.
Mais, au fait, comment a-t-on repéré, en quelques semaines, ces cent mille emplois aidés qui auraient été « inefficaces » ? Sur quelle évaluation précise l’annonce de leur suppression au cours de l’été se fondait-elle ? Pourquoi un sur trois plutôt que zéro, deux ou trois sur trois, et comment ce malheureux a-t-il été désigné ?
On peut, à juste titre, dénoncer la « politique du chiffre » quand elle réduit les politiques publiques à la poursuite éperdue et amblyope de quelques indicateurs chiffrés. Mais on peut aussi souhaiter, quand des milliers d’êtres humains – ou même un seul d’ailleurs – sont concernés par une politique, qu’elle soit plus réfléchie et moins brutale.
Alain Gély