LE NOUVEAU PRESIDENT veut « faire de la France un pays de propriétaires », car les ménages qui possèdent leur logement ne sont à l’heure actuelle qu’un peu plus de la moitié. Plus précisément, 56 % d’après le « recensement rénové » de ces dernières années. Ils étaient 55 % au recensement exhaustif de 1999 et ce chiffre se déclinait, selon l’âge du « chef de ménage » (détails non encore disponibles pour le recensement rénové), de la façon suivante :
Âge du « chef de ménage » | Pourcentage de propriétaires |
---|---|
15-29 | 10 |
30-39 | 40 |
40-49 | 59 |
50-59 | 67 |
60-74 | 73 |
75 & plus | 65 |
Ensemble | 55 |
Regardons cette série (un petit effort !). On constate que le pourcentage de propriétaires diminue en passant de 60-74 ans à 75 ans & plus. C’est un effet de génération : les générations anciennes étaient moins riches et moins incitées à acquérir leur logement que les plus récentes. Ceci mis à part, on voit un accroissement régulier de cette proportion avec l’âge, ce qui est normal. On est très rarement propriétaire juste après avoir quitté ses parents ; l’acquisition d’un logement passe généralement par une situation de boulot assuré, souvent de couple stable et nécessite l’accumulation d’un certain capital. Tout cela prend du temps. Et comme on peut devenir propriétaire pour la première fois à tout moment de la vie, le maximum n’est atteint qu’à 60-74 ans. À cet âge, c’est près des trois quarts des ménages qui ont acquis leur résidence.
J’ai lu que l’objectif présidentiel était plus précisément de 70 % de propriétaires. Comme ce chiffre est une moyenne des pourcentages par âge et que ceux des âges jeunes sont et resteront forcément très faibles, cela supposerait un pourcentage de ceux qui finissent par acquérir leur logement de l’ordre 100 %. Dans ce cas pourquoi communiquer sur 70 % alors que 100 % - « tous les Français » - aurait quand même plus de gueule ?
À moins que ce 70 % concerne les ménages qui finissent par acquérir leur résidence. Si c’est le cas, on voit qu’il sera d’autant plus facile à atteindre… qu’il est déjà dépassé.
Alfred Dittgen