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Péhaimécy roi, de l’usage des chiffres en santé mentale

La réflexion au sein de l’association Pénombre a concerné d’abord les domaines où existent des sources de données produites de façon régulière : sur l’économie, l’éducation, la santé et l’épidémiologie, la délinquance et la justice pénale, etc. Le cas de la santé mentale est particulier. N’est-on pas là dans le domaine du subjectif, de l’incertain, par essence non quantifiable ?
Certes, là aussi et depuis longtemps, il existe des données chiffrées, mais sur l’activité psychiatrique plutôt que sur la morbidité à laquelle elle s’adresse. Lorsque Pénombre a constitué un groupe de travail sur ce thème, l’attention des professionnels était principalement tournée vers un projet en cours : le P.M.S.I. en psychiatrie.

Le Programme de Médicalisation des Systèmes d’Information est une opération de mesure de la "production" de soins par les hôpitaux. Le P.M.S.I. n’a concerné jusqu’ici que la médecine, la chirurgie et l’obstétrique (MCO) et les soins de suite et de réadaptation (SSR), dans une optique principalement gestionnaire et donc budgétaire. Son extension à la psychiatrie serait imminente. Mais après dix ans de réunions, groupes d’étude, concertations, expérimentations, discussions avec les professionnels concernés, l’outil proposé est encore très controversé. Certains font valoir que, à la différence de la MCO, les catégories diagnostiques de la santé mentale sont beaucoup moins assurées, qu’elles ne commandent pas autant la voie thérapeutique et qu’elles ne prédisent guère la durée des traitements. Comment dès lors estimer le besoin de soins ? A l’appui de cette position, on fait valoir que les corrélations statistiques observées entre pathologies et coûts sont faibles. En revanche, la tutelle administrative a légitimement besoin d’évaluer le volume et la nature des moyens consacrés ainsi que d’assurer une allocation équitable entre zones géographiques et établissements. Sur quoi fonder une décision juste ?

Pénombre s’est donc saisie de ce sujet. Des membres de l’association se sont réunis avec les professionnels du secteur. De leurs discussions est d’abord sortie une Lettre Grise, puis la rencontre Nocturne du 26 juin 2001. Fidèle au style de Pénombre, mariant l’austérité des chiffres et des débats de méthode avec des apports " littéraires ", la Lettre grise Péhaimécy roi expose la généalogie du PMSI, son contenu méthodologique et les problèmes qu’il soulève d’un point de vue statistique, psychiatrique et politique.

La lettre grise n°6 pdf