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Le froid fait des heureux

DANS LE QUOTIDIEN gratuit Métro (édition de Paris) du 3 décembre 2010, cette brève graphique :

 

Elle montre l’impact du froid sur les variations en pourcentage des ventes de « certains produits » par rapport à … Tiens, oui, par rapport à quoi ? Mystère !

Et d’ailleurs, quand on y réfléchit, « ces deux derniers jours » cela voudrait-il dire que l’on dispose instantanément des chiffres d’affaires quotidiens détaillés par type d’article ? Bon, d’accord, pour l’accès à un site Web, il n’y a pas vraiment de difficulté à compter les visites et donner le total en fin de journée. Mais pour les produits ? Décidément, dans notre société de l’information, les nouvelles vont vite.

Alors, peut-être les sources indiquées en bas du graphique ? Nous y trouvons, outre le site Web concerné, le nom de Metnext. C’est une filiale de Météo-France, de la Caisse des Dépôts et Consignations et de NYSE Euronext (la société qui gère les bourses de New-York, Paris, entre autres, mais aussi le LIFFE, le marché londonien des futures). Sur son site, nous apprenons que 30 % du PIB de la France est sensible aux effets de la météo. Et cette toute jeune société, experte en « météo-sensibilité », s’est associée avec Nielsen, spécialiste des études de marché pour produire (et commercialiser) les indices Meteoeco (sous-titre : « ne laissez plus la météo décider pour vous »). Dans le dépliant, nous apprenons que la modélisation des statistiques de vente a permis d’élaborer un « rapport entre les ventes réelles et les ventes en conditions météo moyennes sur la semaine ». Donc, la référence est une moyenne calculée.

Sauf que… Metnext fait sa communication de manière efficace et que, ce même 3 décembre, on retrouve des variantes du même sujet dans la presse quotidienne régionale. Citons par exemple, sur la première page de mon moteur de recherche, Nord Littoral, l’Écho de la Lys, l’Est Républicain, le Dauphiné Libéré, l’Alsace, la Nouvelle République du Centre Ouest. Je n’ai pas trouvé trace de quotidiens nationaux ni surtout de la dépêche d’agence à la source de tous ces articles. Et dans ces articles, on retrouve justement le responsable de la grande consommation chez Metnext qui déclare « les ventes de mouchoirs ont grimpé de 15% ces deux derniers jours, les ventes de potages de +30% par rapport à la même période l’an dernier, les infusions de 16 % ». Dans la série « indicateurs de terrain » nous avons aussi le « patron des grossistes en fruits et légumes » de Rungis qui signale une augmentation des ventes de poireaux et de navets.

Le secteur de la météo-sensibilité est très certainement porteur : Metnext s’est lancée sur ce créneau en février 2010 et se voit concurrencer dès avril par Climpact qui propose ses indices Météo-Conso. Metnext fait cependant preuve d’une certaine originalité en proposant de fournir des indices météo personnalisés, laissant en libre accès un indicateur de température obtenu en pondérant les températures régionales par les populations concernées.

François Sermier

Pénombre, Juin 2011