Pénombre, la vie publique du nombre

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Les lectures de Clara Halbschatten

Rapports

- Approche des sans abri, in Dossiers pour notre temps, n°4, avril-juin 1993, Association pour le développement de l’éducation, de la recherche et de l’action sociale (EDEPAS), 28, rue Godefroy Cavaignac 75011 PARIS.

Francis Blondieau me signale particulièrement cet article sur les SDE extrait du rapport d’un groupe de travail auquel il a participé à l’Institut des hautes études de la sécurité intérieure (IHESI).
 

A propos du chômage des jeunes

Deux articles développant des idées voisines ont retenu mon attention.

Le premier, intitulé "du chômage des jeunes", a été publié dans Libération, le 5 avril 1994, sous la signature de Pascale Krief, sociologue à l’École des hautes études en sciences sociales. Le second est une tribune de Jean-Jacques Dupeyroux, professeur à Paris II, publiée dans Le Monde, quelques jours plus tard, sous le titre de "l’arroseur arrosé".

L’un et l’autre dénoncent la désinformation dont se sont rendus coupables responsables politiques et journalistes, qui n’ont cessé d’affirmer la main sur le cœur et la mine tragique, "qu’un jeune de moins de 25 ans sur quatre était au chômage". Or cela est purement et simplement faux nous explique P. Krief : "Pourquoi ? Tout simplement parce qu’en réalité, c’est 1 jeune (de 15-24 ans) sur... 13 qui est au chômage [...]. D’où vient alors ce chiffre épouvantail d’un jeune sur 4 au chômage, brandi à qui mieux mieux ? Il vient du fait que le taux de chômage des jeunes (de 15 à 24 ans) était, en 1993, de 24,6%. Ce qui signifie que sur 4 jeunes qui travaillent ou recherchent un emploi (c’est-à-dire font partie de la population active) 3 travaillent effectivement, tandis que la recherche un emploi".

Les deux auteurs dénoncent aussi l’autre thème mensonger "d’une dévaluation radicale des titres et diplômes". R Krief rappelle qu’en 1993 "Le taux de chômage des jeunes sortant du système scolaire sans diplôme était de 33% tandis que celui des jeunes détenant un diplôme de 1^er cycle universitaire ou un BTS, DUT et autres diplômes assimilés était de 9% seulement".

Cette question est approfondie dans un ouvrage qui vient de paraître de Claude Thélot sur "L’évaluation du système éducatif" (Nathan Université) qui écrit : "En vingt ans, le fossé s’est élargi entre les diplômés du supérieur et les jeunes sans aucun diplôme, passant de 3 à 27 points. Constater cela, c’est constater que le diplôme protège davantage aujourd’hui du chômage qu’hier. C’est donc conclure que sur ce critère, le diplôme ne s’est pas dévalorisé, comme on l’entend trop souvent, mais au contraire revalorisé".

Il y a de cela très très longtemps certains s’acharnaient à ne pas "désespérer Billancourt". Aujourd’hui, on n’hésite pas à désespérer la France entière, avec des chiffres faux... Par ignorance ou dans des buts moins avouables ? Jean-Jacques Dupeyroux parle lui de "peinture excessivement noire [contribuant] certainement à contenir le flot des inscriptions à l’ANPE".

Clara Halbschatten

 
Pénombre, Juin 1994