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Titrer n’est pas jouer... avec la vérité

"Les immigrés et les populations liées à leur installation en France au recensement de 1990", tel est le titre d’un article de Michèle Tribalat spécialiste de l’immigration à l’INED, paru dans la revue Population (1993, n°6).

Dans le Monde du 10 mars, Philippe Bernard rend compte de cette étude sous un titre ambigu complété par un sous-titre un peu plus fidèle au résultat qui semble le plus synthétique et le plus nouveau ; "La France venue d’ailleurs. Selon l’INED la population issue de l’immigration, enfant français compris, s’élèverait à 6,1 millions de personnes". Revenant sur les différentes notions utilisées par M. Tribalat, Philippe Bernard précise que cette population comprend toutes les personnes vivant dans une famille dont le chef est immigré ; elles sont donc françaises ou étrangères, immigrées ou nées en France.

"6,1 millions "d’immigrés" - vous avez dit étrangers ?". C’est le titre trouvé par l’hebdomadaire La Vie catholique (17 mars) pour rendre compte de la même étude. Les guillemets, la forme interrogative... tout cela est bien compliqué et difficile à interpréter, surtout pour les lecteurs qui ne liront que le titre.

Mais la palme du plus mauvais titre revient au Quotidien de M. Tesson (10 mars) : "Une étude de l’INED : 6,1 millions d’immigrés devenus français". L’auteur du titre n’a vraiment rien compris ou bien, pire, n’a pas lu l’article devant figurer au dessous ! On peut toujours lui conseiller de lire, dans le n°3 de Pénombre l’article de Christiane Ducastelle intitulé "Qui est qui ?".

Pierre Tournier

 
Pénombre, Juin 1994