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Treize impair et manque

Chère Pénombre

Peut-être comme moi, vous qui avez grandi dans ce pays, vous a-t-on inculqué qu’au pays de Descartes et de Claude Bernard, la raison domine.

La France, ses élites notamment, se prétend être le pays de la rationalité.

Celle-ci suppose que superstition, croyances et autres balivernes sont supplantées par le raisonnement et partant par l’approche scientifique qui en découle. D’ailleurs la place prise par les mathématiques dans la détermination des critères de la réussite scolaire en constitue une parfaite illustration.

Dans cet univers où les nombres et leurs combinaisons dominent, il est d’usage, quand on se trouve face à plusieurs objets identiques que l’on souhaite manipuler, de les numéroter. Le dernier numéro constituant la somme de mes objets.

Ce principe fonctionne que l’on prenne de l’essence, la pompe égraine les litres et les francs (plus rapidement hélas) : 1, 2 , 3, 4, 5, 6, 7, etc. jusqu’à N.

Il s’applique également dans les théâtres où les salles sont divisées en deux, impairs et pairs, les rangées affublées d’une lettre et les sièges numérotés par séries de nombres pairs et impairs.

Il existe toutefois une exception à ce principe si basique - l’avion. Dans un avion, à la différence d’un théâtre, les rangs sont numérotés et les sièges dotés d’une lettre. Cependant par magie on y passe de la rangée 12 à la rangée 14. Le 13 disparaît. Le 13 n’existe t-il pas dans l’aviation ?

Pourtant si il est un domaine de l’activité humaine où rigueur, méthode, raison dominent, c’est bien l’aviation où s’appliquent les lois de la physique.

Pourtant lorsque vous êtes inconfortablement assis à la rangée 12, votre voisin de derrière se trouve à la rangée 14. Mais alors que fait-on du 13 ?

Bernard Pelamourgues

 
Pénombre, Janvier 2001