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Amour, table et portable

Peut-être les lecteurs de Pénombre ont-ils lu comme moi ce petit entrefilet dans Le Monde du 4 octobre 2000. À ceux à qui cela aurait échappé, je voudrais signaler ce passage de ma rubrique favorite (En vue de Christian Colombani). "Si plus de la moitié des Allemands laissent leur portable allumé pendant l’amour, à table, le quart d’entre eux préfère l’éteindre pour ne pas être dérangé, d’après un sondage de la revue Focus." Certes ce plus de la moitié peut représenter 51% des Allemands, ou bien les deux tiers, ou encore 90%… Cependant on peut faire l’hypothèse que si ce pourcentage s’était rapproché de 60%, le rédacteur n’aurait pas manqué de mentionner que “presque les deux tiers des Allemands…”. Si donc ce “plus de la moitié” représente, disons 55%, on peut réécrire cet entrefilet de la façon suivante : "Si le quart des Allemands préfère éteindre leur portable lorsqu’ils sont à table, presque la moitié d’entre eux font de même pendant l’amour, pour ne pas être dérangé." L’impression donnée est tout à fait différente.

Comme quoi il ne faut pas désespérer des Allemands, même équipés d’un portable. C’était ma contribution à la construction de représentations européennes positives. Si j’avais le temps j’irais vérifier ces données auprès de la revue Focus, qui a peut-être posé les mêmes questions aux femmes. Ce serait intéressant, non ?

Marie-Danièle Barré

 
Pénombre, Novembre 2000