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Calculs de têtes

Dans la série " Les Français sont nuls en calcul mental… et ça va pas s’arranger avec l’euro " voici l’anecdote du jour.
Nous sommes sur France Inter. Les duettistes du samedi matin abordent la question des honoraires des médecins. Le dialogue (légèrement revu sans doute mais respectant l’esprit) est le suivant :

 - 20 % ce n’est tout de même pas rien…

 - Vous exagérez. On est passé de 17,5 euros à 20 euros. Ça fait à peu près 10 %.

 - Attendez, cela fait 2,5 euros… avec 20… ça doit faire 5 %.

 - Non.

Les propos se font hachés et, finalement, ils laissent en suspens le laborieux calcul pour enchaîner sur le fond du sujet.

La conclusion vient du journaliste. Il a dû passer le reste de l’émission à résoudre ce calcul complexe (on l’imagine cherchant désespérément une calculette… " Non pas une convertisseuse, une simple calculette pour les règles de trois… et pourquoi je vois que des huit sur cette machine… vous n’allez pas m’obliger à faire ce calcul de tête… il n’y a pas dans ce studio un docteur en math pour résoudre ce problème ? "). En fin d’émission, il annonce :

 - Soyons précis, l’augmentation est de 15 % !

J’espère qu’un auditeur téléphonera pour dire, que tant qu’à être précis, un passage de 17,5 à 20 c’est une progression de 14,29 %. Il pourra aussi dire que pour résoudre ce problème, " il suffit de voir " que le rapport est de 7 à 8, donc une progression de 1 par rapport à 7, donc un peu moins que 15 %.

Mais par les temps qui courent, les ordres de grandeur ne sont plus spontanés et le calcul rapide est bien hésitant. Je me demande même s’il n’est pas de bon ton d’exhiber son incompétence en matière de chiffres. Il suffit de voir les bafouillements médiatisés de nos responsables politiques face à la conversion en euro.

José Rose

 
Pénombre, Avril 2002