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Cote mal baillée

Ayant fait faire une enquête de popularité, Le Journal du Dimanche (18 novembre 2001) pense constater que Lionel Jospin est en baisse de 8 points, tandis que Jacques Chirac se contente d’un recul de 4 points. En résumant les chiffres sur lesquels s’appuie ce commentaire, on a ceci (en pourcentage de citoyens interviewés) :

  Octobre 2001 Novembre 2001
Jacques Chirac    
satisfaits
58
54
mécontents
34
31
sans opinion
8
15
Lionel Jospin    
satisfaits
52
44
mécontents
38
38
sans opinion
10
18

 

Certes, sur 100, il y a 4 personnes de moins satisfaites du Président ; mais on noterait tout aussi bien qu’il y en a 3 de moins qui en sont mécontentes. Est-ce un recul de 4 ? Ou une progression de 3 ? De même, pour le Premier ministre, qui perd 8 soutiens, mais ne voit pas augmenter le nombre d’hostiles : est-ce un recul de 8 ? Ou une stabilité ? Dire l’un n’est pas plus absurde que de dire l’autre. Ou, plutôt, parler de l’un des aspects (les satisfaits) en occultant l’autre (les mécontents), aussi bien du reste que l’inverse, n’est pas complet. Donc, pas très honnête.

Si l’on synthétise un peu plus encore, en faisant la différence entre les satisfaits et les mécontents, on a la cote résumée suivante : Jacques Chirac passe de 24 à 23 (ce qui n’est pas une variation significative), tandis que Lionel Jospin passe de 14 à 6, ce qui semble bien un recul. (Pénombre a commenté à maintes reprises l’indicateur synthétique du moral des Français, calculé par l’INSEE de cette manière : en faisant la différence entre les optimistes et les pessimistes).

Mais, ce qui ressort le plus nettement d’un tel sondage, c’est la montée de ceux qui ne savent plus trop quoi penser qui passent, respectivement, de 8 à 15 et de 10 à 18. C’était peut-être ça le message essentiel…

Stéphane Noir, retraité (ancien cadre commercial)

Pénombre, Avril 2002