Dans le rapport d’information sur la politique de recrutement et la gestion des universitaires et des chercheurs fait au nom du Comité d’évaluation des politiques publiques et de la Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (Sénat, session ordinaire de 2001-2002, n° 54), M. le sénateur Yves Fréville déclare (page 74) : « Il est certain que, puisque le recrutement local n’est pas interdit, les laboratoires et leurs universités ont intérêt à attendre que leurs meilleurs thésards soient en mesure d’être qualifiés pour les recruter sur les postes ainsi "mis en réserve". Il a été indiqué à votre rapporteur que ce type de comportement était fréquent dans certaines grandes universités du centre de Paris. (…) Les réponses au sondage nuancent toutefois quelque peu le discours sur l’importance du "localisme" des recrutements. En effet, sur 768 répondants, 53 % des maîtres de conférences indiquent avoir été recrutés dans l’université où ils avaient soutenu leur thèse, 47 % répondant le contraire. Ces réponses très partagées ne semblent donc pas confirmer un recrutement local massif. »
Or, premièrement, on ne sait pas quel est le pourcentage de répondants par rapport au nombre de sondés... et on peut imaginer que des personnes recrutées localement ne se sont pas déclarées. Deuxièmement, pour déduire de ces chiffres que le localisme n’est pas massif, encore faudrait-il imaginer, ce qui est tout à fait contraire à l’intuition de toute personne autre que le rapporteur, que le nombre de candidats locaux est à peu près égal au nombre de candidats ayant soutenu leur thèse ailleurs. Hypothèse très peu vraisemblable et, d’après Olivier Godechot et Alexandra Louvet, pas vraie du tout : le nombre de candidats extérieurs est toujours très supérieur à celui des candidats locaux. (« Le localisme dans le monde académique : un essai d’évaluation » dans La vie des idées 22/04/2008 ).
Marion Selz