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Corrélation et causalité

Ayant beaucoup lu Pénombre et lui ayant envoyé moult papiers qui ont eu l’heur d’y être publiés, j’ai voulu enfin rendre visite à ses bureaux. Bien m’en a pris : j’y ai fait la connaissance de Françoise Dixmier. C’est toujours agréable de mettre un visage derrière une plume. Du coup, elle m’a montré son prochain article, sur un soi-disant et médisant palmarès des villes à fonctionnaires. Et, en effet, c’est du n’importe quoi.

Devant un tel fatras, il est perdu d’avance de vouloir contrôler, et redresser : il faut se livrer à une telle dissection, que le lecteur, déjà accablé par le texte premier, perdra pied ou perdra patience avant qu’on n’ait désossé la moitié du monstre…

Pour faire ressortir l’ineptie d’une interprétation de la corrélation (si elle existe) entre pourcentage de fonctionnaires et dynamisme, on pourrait par exemple souligner que si une ville n’est pas dynamique (parce que l’industrie y périclite ou pour toute autre raison) et si ses habitants désertent, la fonction administrative ne suit ce mouvement qu’avec retard. Faudrait-il alors précipiter la chute en déplaçant les fonctionnaires ? Parlez-en aux élus locaux qui se cramponnent à leur poste, à leur école, à leur caserne, 9à leur préfecture : vous verrez s’ils supplient avec empressement leurs fonctionnaires de partir, afin de revitaliser le tissu communal…

Un autre exemple hurlant de corrélation peut nous faire encore mieux comprendre : il est statistiquement facile de vérifier que la grosse majorité des gens qui meurent ont vu unmédecin peu avant. Conclusion évidente : il est dangereux de voir un médecin ! Il paraît aussi qu’une forte proportion des gens meurent dans leur lit : et, on se couche encore…

Conseil : si vous ne pouvez éviter de voir un médecin, recevez-le debout. Moins risqué.

Mélanie Leclair

 
 
Pénombre, Juillet 2003