CETTE perle du Monde, à propos des manifestations d’enseignants du 19 mai : il y a eu entre 434 000 et « plus de 800 000 » manifestants (annoncé en titre et repris dans l’article). On devine d’où viennent les 434 000. On a manifesté dans toute la France, or, sans doute, la gendarmerie de Castres a-t-elle estimé les manifestants dans sa ville à 1 000, alors que les organisateurs en voyaient 1 500. Alors qu’à Paris, la fourchette devait se situer entre 300 000 selon la police, et 500 000 selon les syndicats. Évidemment, quand on somme Castres, Villedieu-les-Poëles, Toulouse et Paris....
Ceci dit, pourquoi le chiffre haut est-il tombé « pile », lui ? Risquerais-je une explication ? Les chiffres des organisateurs sont toujours considérés comme exagérés, il est donc probable que Le Monde n’a pas hésité à les transformer en « plus de 800 000 ». Par contre, que faire des chiffres de la police ? Descendre 434 000 à 400 000 ? Le plus logique, mais difficile, pour un journal quand même positionné à gauche, de minimiser ces manifestations. Les monter à 500 000 ? C’est quand même un peu sauvage comme arrondi, et Le Monde sentait venir l’accusation de partialité... Ah si seulement la somme des chiffres policiers avait été 389 500, l’arrondi à 400 000 se serait fait sans difficulté. Qu’il est difficile d’être de gauche, impartial, et cohérent avec les arrondis...
J’aurais peut-être tenté « au moins 400 000 selon la police, les organisateurs annonçant plus de 800 000 ».
Fabienne Vansteenkiste
(24 mai 03)
« Histoire belge ». Je me procure régulièrement le livre « l’État du monde » publié par les éditions « La Découverte » et je le consulte chaque fois que je ressens le besoin de contrôler une information entendue à la radio ou à la télévision ou lue dans la presse. Ce qui me procure parfois des surprises ! Entre autres renseignements passionnants y figure un tableau donnant l’indice de « développement humain » calculé à partir de données économiques, démographiques et socioculturelles dont le « taux brut de scolarisation » calculé à partir des taux de scolarisation aux niveaux primaire et secondaire. Et là, surprise, on trouve pour la Belgique un taux de 109 %. Les redoublants adultes seraient-ils plus nombreux dans ce pays, à moins qu’il y ait plus d’enfants précoces en bas age dans le primaire ? Je n’ai pas trouvé d’explication dans le document et je serais heureux qu’un spécialiste pénombrien puisse m’éclairer.
Note : à vrai dire, la Belgique n’est pas le seul pays pour lequel s’observe ce phénomène et l’Australie va même plus loin avec un taux de 116 %, mais je n’ai pu résister au plaisir du titre « histoire belge ».
J. Barrault
(29 mai 03)
Je veux seulement féliciter la rédaction de Pénombre pour son dernier envoi. On me susurre que je manque d’esprit critique ou de compétence contestataire quand je rencontre de la belle ouvrage... Cela doit être malheureusement vrai, puisque j’avoue n’avoir rien compris à la page cinq, entièrement dévolue à Monsieur F. Jésu et ses jongleries numérologiques (ou bien cabalistiques ?).
Je me demande encore ce que cette prose que l’on sent vengeresse, et destinée à susciter chez le lisant un taux élevé d’adrénaline, vient faire dans notre belle Lettre, sans être accompagnée d’un mode d’emploi ou d’un algorithme de décryptage, hormis les éléments nécessaires au calcul de l’âge du signant, à plus ou moins un an près, information dont l’importance m’échappe totalement.
Christian-Pierre Enlart
(30 mai 03)
« Barres symboliques ? ». En février 2002, je m’étais intéressé au traitement du (sic) « chiffre de la délinquance » par les médias de presse. Une chose m’avait frappé, le fait que tous ces médias sans exception, de L’Humanité au Figaro en passant par Le Parisien, Le Monde, La Croix, Libération et autres, tous donc nous parlèrent du « franchissement » de « la barre symbolique des quatre millions de délits ».
Et bien, le croiriez-vous ? Aucun n’a évoqué en janvier 2003 le fait que le nombre des crimes et délits est passé en dessous de la « barre symbolique » en question. D’ou la question : les « barres symboliques » ne se franchissent-elles que dans un seul sens ?
Olivier Hammam
(2 juin 03)
« Marche des fiertés... ». « Et, c’est un succès incontestable, près de 500 000 personnes selon la police, et 700 000 selon les organisateurs, ont participé à la marche. Record atteint » pouvait-on lire dans Le Monde du premier juillet dernier.
Trois heures de défilé en observant son passage en un point donné situé à mi-chemin, sur un parcours unique, avec de nombreux chars multicolores séparés par des centaines de manifestant(e)s et de grands espaces vides, feraient donc 5 à 700 000 manifestant(e)s selon la belle unanimité de toute la presse écrite, radio et télé.
On doit alors se souvenir de la dense manifestation du 1er mai 2002, environ sept heures de défilé en chaque point d’observation de trois parcours parallèles, soit l’équivalent de vingt heures de passages cumulés. Elle fut chiffrée à 400 000 personnes par la police et un million par les organisateurs. Celle du 25 mai dernier, en défense du système de retraite, encore sur trois parcours parallèles cumulant plus de quinze heures de passages, donnait lieu à des évaluations comparables.
Effectivement, assister à un défilé assez dense sur une grande artère parisienne correspond au passage d’environ 50 000 personnes à l’heure (14 à la seconde).
Reste à comprendre le chiffrage unanimement élevé de la marche des fiertés lesbienne, gay, bi et trans. Et à se réjouir du soutien dont bénéficie cette cause...
Jee Airesse
(2 juillet 03)
Pénombre, Juillet 2003