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Courrier des lecteurs

« Dans son article « Dieu contre diable : un score sans appel » (Lettre blanche n° 29, avril 2002, page 11), Pierre V. Tournier cite Michel Rocard qui affirmait récemment que « Le taux de malhonnêtes gens est de 2 % sur toute la planète et dans toutes les professions ». Avec le nombre d’Avogadro et la constante d’Euler, il y aurait donc « le pourcentage de Rocard » ! On a connu l’ancien Premier ministre plus inspiré. Je suis d’ailleurs en mesure d’apporter un contre-exemple flagrant à la loi qui nous est ainsi proposée. D’après mes informations, il existe en effet une corporation qui compte environ 98 % de personnes malhonnêtes : c’est celle des voleurs, voyous, escrocs, brigands et autres bandits. Les 2 % restant ne le font pas exprès, c’est de la maladresse.

Tout cela me rappelle Charles Pasqua il y a quelques années, alors qu’il était invité à commenter, au cours d’une émission de télévision, différentes affaires mettant en scène des policiers « ripoux ». Le ministre de l’Intérieur d’alors avait subtilement esquivé en déclarant en substance qu’il n’y avait ni plus ni moins de personnes malhonnêtes dans la police que dans la population générale. Moi qui croyais que les fonctionnaires de police étaient recrutés selon des critères particuliers pour exercer un métier pas comme les autres. Imaginez le ministre de l’Éducation nationale déclarant benoîtement qu’il n’y a pas plus d’illettrés parmi les enseignants que dans le reste de la population !

Cordialement. »

Hervé Garrault


 

« Dans le numéro 29, en page 17, sous le titre « Quand « Trompe - l’œil » se met le doigt dans l’œil », l’explication unique du fait que « les soins de ville ont progressé plus vite, en 2000, que les soins hospitaliers » m’a semblé un peu rapide. Il s’agirait d’un transfert des soins hospitaliers vers les soins de ville du fait du raccourcissement des séjours hospitaliers, l’augmentation des soins de ville étant « la conséquence d’une bien plus importante diminution des soins hospitaliers ».

Le raccourcissement des séjours dans les services de médecine, de chirurgie et d’obstétrique (les services de « MCO ») se traduit d’abord, me semble-t-il, par un transfert vers le secteur des soins de suite et de réadaptation (les services de S.S.R.), inclus dans les dépenses de soins hospitaliers et non dans les soins de ville et accessoirement vers les soins de ville.

D’autre part, je n’ai pas connaissance que les dépenses de soins hospitaliers aient diminué une seule année depuis le début de mon activité professionnelle (il y a 25 ans, déjà) même si leur progression a été fortement ralentie depuis l’instauration de la dotation globale en 1985. Je n’ai évidemment pas la capacité d’évaluer si la progression des dépenses hospitalières correspond à une augmentation des soins hospitaliers, ni si la diminution du nombre de lits hospitaliers entraîne une diminution des soins hospitaliers ou leur intensification et une diminution des journées « gaspillées » par une organisation déficiente des séjours. D’ailleurs comment mesure-t-on le volume des soins hospitaliers ou « de ville » en dehors des dépenses ou du nombre d’actes ?

On peut noter que dans certains secteurs, l’activité de soins ambulatoires des établissements hospitaliers qui est parfaitement comparable aux activités regroupées sous la rubrique « soins de ville » a également connu une grande progression en terme de nombre d’actes, les dépenses correspondantes étant enregistré dans les dépenses hospitalières. De la même façon, à l’intérieur des soins de ville, il existe plusieurs types de dépenses qui contribuent inégalement à la progression de l’enveloppe des « soins de ville » (consultations médicales, pharmacie, soins infirmiers, etc.) et je ne sais pas si les soins qui interviennent en substitution de l’hospitalisation progressent plus vite que les autres. L’accès croissant aux soins de ville est-il motivé par un besoin de complément ou de substitution aux soins hospitaliers ou par une demande de confort, par une augmentation du besoin de santé au sens positif (l’état de complet bien-être…) sans rapport direct avec les soins prodigués en milieu hospitaliers. Cela n’est pas en tout cas expliqué ou démontré par la note que je trouve un peu courte du rédacteur.

Enfin, le rédacteur n’envisage pas que les modalités d’allocation et de régulation des dépenses de soins, évidemment très différentes pour les deux secteurs puissent avoir une incidence sur l’évolution des dépenses des deux secteurs. Depuis 1985, la plus grande partie du secteur hospitalier (hôpitaux publics et privés participant au service public) est soumise à un système d’enveloppe fixé a priori alors que le secteur des soins libéraux continue, - malgré les tentatives infructueuses d’organiser une régulation collective combattue de façon efficace par le refus de la « régulation comptable » (opposée à une régulation médicale dont je n’ai jamais lu ou entendu le commencement d’une explication sur son fonctionnement possible) - continue de facturer selon le système qui a été critiqué si fort pour les hôpitaux avant l’instauration de la dotation globale. »

Jacques Marescaux, directeur d’association


 

« Je ne puis résister au plaisir de vous adresser cet article du 26 juillet de mon quotidien habituel (Vaucluse Matin)

« …. Ainsi selon les conclusions présentées hier par l’InVS [Institut national de veille sanitaire], le nombre annuel de décès anticipés attribuables à des niveaux de pollution atmosphériques supérieurs à 10 microgrammes par mètre cube est de 2 786 ; sur ce total, 1 097 sont dus à des pathologies cardiovasculaires et 316 à des maladies respiratoires…On estime que 1 834 décès auraient pu être évités si les niveaux de pollution avaient été réduits de moitié. »

La précision des chiffres, à l’unité près, tant pour le nombre des décès qui pourraient être évités me semble admirable. Heureusement pour les auteurs du rapport, leurs affirmations péremptoires ne pourront jamais être contrôlées.

Amicalement. »

M.J. Barrault


 

« Deux chiffres de l’article Claire Guelaud dans Le Monde en date du mercredi 10 juillet m’ont un peu étonné :

« Le gouvernement souhaite maintenir le déficit des finances publiques pour 2002 à 45 milliards d’euros (2,6% du PIB). »

Ceci laisse a penser que le PIB vaut 45/2,6% = 1 730 milliards. Puis :

… on est loin du déficit de 30,4 milliards d’euros (1,4% du PIB) prévu par les socialistes. »

Ceci amène a penser que le PIB vaut 30,4/1,4% = 2171 milliards. Or, après vérification, le PIB de la France serait de 1500 milliards d’euros en 2002. 45 milliards font donc 3% du PIB. 30,4 milliards font donc 2% du PIB. Je suis perplexe. Une explication serait que les milliards se réfèrent au déficit de l’Etat et les chiffres en % du PIB au déficit des finances publiques. Je ne sais pas...

Bien cordialement. »

Henri Sterdyniak

Ndlr : La journaliste contactée a reconnu son erreur. Faute avouée est à moitié pardonnée.


 

« Quel dommage que Béatrice Beaufils, dans le n°30 de Pénombre, démystifie cette annonce du Nouvel Observateur [la moitié des 20-29 ans encore chez leurs parents sont des garçons, le tiers, des filles]. Annonce pourtant pleine de promesses ... Je m’étais forgé une autre explication. Jacques Desabie, grand statisticien devant Jéhovah, rapportait que, dans une enquête anglaise, à la question « sexe ? » quelqu’un avait répondu « oui ». Et, de se gausser. Si on admet au contraire que l’on peut ne pas avoir de sexe, tout devient cohérent. A la question « sexe », on peut répondre par oui ou non. Comme à la question « profession ». Et le tableau du NO devient limpide : sur six ventouses, trois sont des garçons, deux sont des filles et une n’est rien.

Mélanie Leclair


 

M Bruno Boccara, avocat, nous propose, après avoir lu Chiffres en folie, d’y rajouter une rubrique F comme Fiscalité. Il nous propose le tableau suivant (extrait de son ouvrage L’impôt truqué, Encre, 1985) » :

Pays
Dernier taux d’imposition
Début de la tranche de revenu concernée
USA
50 %
720 000 F
RFA
56 %
321 000 F
Royaume-Uni
60 %
430 000 F
Japon
75 %
2 200 000 F
Italie
65 %
2 500 000 F
France
67 %
228 920 F

et écrit :

« Il ressort de ce tableau que l’indication du dernier taux est totalement privée de signification dès lors que l’on ne le rapproche pas du chiffre séparatif de la dernière tranche.… à l’époque de la publication de l’ouvrage, à l’étranger, les taux supérieurs à 65 % ne frappaient que des millionnaires, alors que chez nous, le taux de 67 % pouvait jouer dès qu’un cadre gagnait plus de 20 000 F par mois »

Bruno Boccara
 

 
Pénombre, Octobre 2002