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Et pour quelques milliards de plus

Dans Libération du 25 février 1996, sous le titre : « Export, les dessous d’un record », Blandine Hennion rapporte les propos du ministre du Commerce extérieur Yves Galland, présentant à la presse l’excédent record de 104,5 milliards de francs pour 1995 : « j’entends déjà les critiques : cet excédent record cache des faiblesses, je n’en vois aucune. »

L’article souligne que ce chiffre est juste… à quelques milliards près, puisque intégrant des soldes positifs qui ne seront pas retenus par les statisticiens qui fourniront les chiffres "stricts" du commerce extérieur quinze jours plus tard (une fois que la presse ne s’y intéressera plus). Est expliqué ainsi comment l’énorme fraude intercommunautaire sur la TVA "dope" les chiffres puisque la France maintient provisoirement le paiement de la TVA dans le pays de destination au lieu du pays d’origine. Mais surtout, les chiffres de M. Galland incluent les échanges de la métropole avec les DOM-TOM, soit la modique somme de 33 milliards.

En effet, si les importations de bananes antillaises ou de nickel calédonien ne représentent qu’environ 0,2% des importations, les transferts de métropole en direction des DOM-TOM représentent quant à eux environ 36 milliards de francs. Le ministre a donc compté dans les exportations tous les produits divers livrés en France d’outre-mer, dont par exemple les satellites de Matra ou de l’Aérospatiale acheminés à Kourou, dont on devine la modicité des prix. Les primes versées à nos médaillés olympiques originaires d’outre-mer vont-elles encore renforcer les bons chiffres ministériels de 1996 ? 

Jean-Paul Jean

 
Pénombre, Novembre 1996