LES CALCULS de probabilité ont de grandes vertus. D’abord celle de faire vivre des cohortes de statisticiens et de pronostiqueurs. Ensuite, celle de permettre à des journalistes, à des patrons de presse, à des imprimeurs et à des marchands de journaux de subvenir aux besoins de leur petite famille. Pour le reste, on se permettra de douter. J’illustre.
Vous envoyez un courrier à un personnage connu, en vous disant “ il y a une chance sur cent pour qu’il me réponde ”. Et, c’est certainement vrai. Mais il se trouve que ce personnage connu vous répond. Vous êtes tombé sur le 1 %. Donc, vous aviez une chance sur deux de tomber sur ce 1 %.
Remémorons-nous la vieille blague :
- J’ai failli avoir une Rolls-Royce gratuitement ?
- Non, c’est pas vrai !
- Si, si.
- Mais comment t’as fait ?
- Eh bien, j’ai vu un type qui sortait d’une Rolls-Royce. Je lui ai demandé “ vous me la donnez, votre voiture ? ” Il a répondu “ non ”. Il aurait dit “ oui ”, je l’avais.
Tous ceux qui ont gagné un jour au loto ou au quinté ont fait ce pari : que j’aie une chance sur mille, une chance sur un million ou une chance sur cent millions, eh bien, de toutes façons, soit je gagne, soit je ne gagne pas.
Beaucoup d’entre eux ont perdu, mais ceux qui ont gagné... ont gagné.
Que l’on ait, en théorie, une chance sur dix, une chance sur je ne sais pas combien ou une chance sur encore plus, le résultat est le même.
Une chance sur deux, je vous dis. On a toujours une chance sur deux.
Michel Goupil
Pénombre, Août 2004