Après nous être fortement réjouis à l’annonce d’une baisse importante, d’un tiers, de l’impôt sur le revenu, un certain scepticisme nous fit ranger cela dans le vaste catalogue des promesses verbales. Mais foin d’ironie, l’explication est venue. Dans Le Monde du mardi 12 mars 2002, M. François Fillon nous la fournit : « La… difficulté est de convaincre les Français… de vaincre en somme leur incrédulité quand il (Jacques Chirac) énonce des propositions raisonnables. Je ne prendrai qu’un seul exemple : lorsqu’il annonce une baisse des impôts de 30 % cela signifie une réduction de 5 % pendant cinq ans. C’est tout à fait possible. »
Pour vaincre la difficulté de convaincre il était sans doute plus simple, et tout à fait possible, d’énoncer ce que signifiait raisonnablement l’annonce. Elle y eût perdu alors beaucoup de son effet auprès des tiers. Évidemment la difficulté s’estompe. Dans une première approximation un tiers fera 30 % ; dans une seconde cinq fois de suite 5 % feront 30 %, par la magie du verbe, sinon de l’arithmétique. En attendant la suite faudrait-il calculer ainsi son « tiers provisionnel » (merveilles du jargon administratif), ou plus simplement se dispenser de l’acquitter ?
François Pradel de Lamaze, rêveur impénitent
Pénombre, Juillet 2002