Une dépêche AFP (7 novembre 2001) commence ainsi : " Les ingénieurs diplômés ont connu en 2000 de fortes disparités de salaires […], les mieux payés percevant des rémunérations trois fois supérieures à celles des ingénieurs les moins bien payés ". Cette formulation est reprise à peu près telle quelle par divers journaux (Le Figaro-Économie, La Tribune, La Correspondance économique,…). L’expression " ont connu en… " donne à croire que c’est là une situation exceptionnelle. Or, cette disparité est très " structurelle " : elle varie peu au cours des années.
Il faut lire le reste de la dépêche, ce que tous ne font pas, qui s’en tiennent au titre ou à l’attaque. Les mieux payés sont en fait les 10 % les mieux payés. On rapporte ainsi la moyenne de ces 10 % à la moyenne des 10 % les moins payés. Quoique : on a un doute. Il pourrait s’agir du niveau au dessus duquel se trouvent 10 % (9e décile dans le jargon des statisticiens), rapporté au niveau au dessous duquel s’en trouvent aussi 10 %. Pas clair. Et, il aurait suffi de choisir 20 % ou 5 % ou 1 % pour faire varier à loisir la fourchette ainsi annoncée à son de trompe. (Trompe, en effet !).
René Padieu
Pénombre, Avril 2002