L’indicateur le plus significatif du phénomène dont on veut parler (la mortalité des SDF comparée à la mortalité des ADF) serait sans doute l’espérance de vie au moment de la perte de domicile fixe. Il faudrait aussi l’âge du début de la vie dans la rue. On ne connaît guère de statistiques officielles sur le sujet.
Des travailleurs sociaux évoquent des durées moyennes de vie « à la rue » de l’ordre de trois ou quatre ans. C’est cet ordre de grandeur qu’il faudrait comparer aux ADF de même âge. Si, en moyenne, on devient SDF vers le milieu de la vie (âge auquel les ADF ont une espérance de vie de l’ordre de quarante ans) c’est un rapport de l’ordre de un à dix entre espérance de vie « ADF » et « SDF ».
Jean-René Brunetière
Propos attribués par Le Monde (29 novembre 2007, Supplément Associations) à Daniel Terrolle, enseignant-chercheur au laboratoire d’anthropo¬logie urbaine du CNRS : « les SDF ne se réinsèrent en grande majorité pas. Ils ne font que quitter une association pour une autre. J’estime à 1 % le nombre de SDF qui rebondissent dans l’économie englobante et à 5 % maximum ceux qui se réinsèrent dans une économie protégée de type caritatif. Que deviennent les 94 % restant ? Ils disparaissent de notre vue. J’ai tendance à penser qu’en majorité, ils meurent. Une mort que personne ne veut voir quantifier même si elle est accompagnée. »
Ce sujet a provoqué de longues discussions au sein de la rédaction. Nous y reviendrons, avec vos réactions…