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Optimisme

Le Parisien du 10 juin dernier titre "Les Français plus optimistes". Le chiffre ainsi commenté est l’indicateur résumé de l’enquête mensuelle de conjoncture publiée par l’INSEE : il est de -16. Il s’agit de la différence entre le pourcentage de ceux qui disent que la situation s’améliore et de ceux qui pensent qu’elle s’aggrave. Le pourcentage des pessimistes excède donc de -16 celui des optimistes. Autrement dit, en négligeant ceux qui considèrent que ça ne va ni mieux ni pire, sur 100 personnes, on a 42 optimistes et 58 pessimistes.

Certes, il y a deux ans, ce solde était de -36 (soit 32 optimistes pour 68 pessimistes). L’amélioration est indéniable. Mais on aurait plutôt envie de dire : les Français sont moins pessimistes. Si après une vague de froid sibérien à -36° le thermomètre remonte à -16° on trouvera curieux de titrer : il fait de plus en plus chaud. Pourtant, les températures étant relatives, l’une est toujours plus chaude que l’autre, quelles qu’elles soient. Or, ici, l’optimisme est une caractéristique individuelle : vous êtes ou vous n’êtes pas optimiste (selon que vous avez répondu "mieux" ou "pire" à l’INSEE). Il y a davantage d’optimistes qu’avant ; mais il reste encore plus de pessimistes que d’optimistes.

Plus factuels, en rapportant les mêmes résultats, Le Monde titrait "Nette amélioration du moral des ménages" et La Tribune "La confiance des Français continue de se redresser". Mais tout compte fait, Le Parisien restait modeste dans son appréciation. Le Figaro quant à lui, titrait carrément "Les ménages très optimistes". Ben voyons !

Enfin ! de toute façon, ça va mieux : ne pleurons pas notre bonheur.

René Padieu

 
Pénombre, Décembre 1998