AU JOURNAL TELEVISE de 20 h, le 9 mars dernier sur TF1, on nous informe sur le nombre de morts sur les routes en France, toujours en diminution. En février 2004, il y a eu 10 % de morts en moins par rapport à février 2003. C’est positif, mais il y a encore à faire...
Puis, un petit reportage d’une minute : le nombre de décès diminue ? Certes, mais pas partout ! Le Calvados est présenté comme un département à part. En effet, le nombre de morts y a augmenté de 80 % ! ! ! Oui, effectivement, il y a eu 9 morts en février 2004 (il y en avait donc eu 5 en février 2003...). Le chiffre est cité allègrement sans que cela ne dérange la journaliste... Encore des chiffres ? Les moins de 25 ans représentent 30 % de ces décès (donc 3 personnes ! Le 30 % a dû être arrondi car cela nous ferait 2,7 personnes).
Ce qui m’a le plus émerveillé est que les chiffres bruts soient donnés comme ça, sans que cela ne remette en cause leur signification : 80 % d’augmentation… pour 4 décès de plus... Et aussi, ce caractère “ dernier petit village gaulois ” donné au Calvados. La mortalité sur les routes diminue ? Oui, mais attention, il reste, dans une contrée éloignée, un département qui... La journaliste se permet même des explications : la vitesse... original... Et puis l’alcool, forcément, dans le Calvados !... Comme quoi, il faut maintenir nos efforts : il reste de mauvais élèves, coupables de mauvais aléas...
Le chiffre en lui-même serait-il la caution scientifique, une preuve indiscutable ? Allons donc ! Un an plus tôt, en février 2002, il y avait eu 6 décès sur les routes du Calvados. Soit, entre février 2002 et février 2003, 17 % en moins ! Mais encore un an avant, de 2001 à 2002 (derniers chiffres disponibles sur le site du ministère de l’Intérieur), c’était une augmentation de 400 % pour le mois de juin (2 morts en juin 2001, 10 en juin 2002), mais une diminution de 40 % pour le mois de juillet (10 morts en juillet 2001, 6 en juillet 2002)…
Décidément, ce département semble avoir une évolution bien particulière ! Des progrès merveilleux alternant avec des reculs dramatiques ! Étonnant, non ?
Ne devrait-on pas apprendre aux journalistes que lorsque l’on a 5 décès, un décès représente déjà 20 % ? Et, qu’un pourcentage ne devrait en pratique être utilisé qu’à partir du moment où il porte sur un échantillon d’au moins une centaine de personnes !
Aurélien Moreau
Pénombre, Août 2004