Pénombre, la vie publique du nombre

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Tous des « bouffons » ?

DANS LE MONDE du 7 octobre, un petit graphique simple sur « les nouvelles habitudes alimentaires des Français »¹. À la première vue, le message passe : « le light et le vite fait en hausse ». Il y a bien augmentation de produits « vite prêts » entre 1995 et 2004.

Au deuxième regard, pour mieux comprendre, j’essaie de compléter : il n’y aurait donc, en tout, que 45 % (100 - 55) de personnes en France qui mangent du riz ordinaire ou qui ne mangent jamais de riz, que 53 % (100 - 47) qui achètent de la salade non préparée ou pas de salade du tout, et que 23,4 % (100- 76,6) qui n’utilisent pas d’huile d’olive ?? C’est totalement invraisemblable, à mon avis.

J’essaie autre chose. Dans le commerce, le riz à cuisson rapide représente 55 % du riz vendu, l’huile d’olive 76,6 % de l’huile achetée et 44,7 % des pâtes consommées sont des pâtes fraîches : absurde, non ?

La suite de l’article est en page 10, avec un graphique plus complet, reprenant celui de la première page. La légende est plus précise : « Pourcentages de Français consommant les produits suivants ». Mais « consommant » est bien imprécis ; je cherche dans le texte et trouve quelque part cette précision : « 76 % des personnes interrogées ont mangé moins de trois [fruits et légumes] la veille de l’entretien ». Ce qui donnerait alors : la veille de l’entretien, en gros, la moitié de la population mangeait des pâtes fraîches pendant que l’autre moitié cuisinait rapidement du riz en sachet, une petite moitié y ajoutait une salade ou des légumes en sachet, un quart buvait du thé vert et trois quarts arrosaient le tout d’huile d’olive. Cela ne va toujours pas, ou alors, peut-être, aucune des personnes que je connais ou que je croise dans les différents commerces que je fréquente n’est française…

Je vais voir le site de TNS Media Intelligence, et là, pour savoir et comprendre … c’est payant ! (proverbe actuel ?).

Karin van Effenterre

1. Enquête réalisée par TNS Media Intelligence : "Dix ans de pratique alimentaire, la consommation sous surveillance"

Pénombre, Novembre 2004