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Violences au Brésil

J’ai trouvé que l’article ci-joint (traduction mot à mot) publié dans le journal local Folha de São-Paulo était pittoresque et susceptible de distraire (?) les lecteurs de Pénombre.

Dominique Monjardet
sociologue, CNRS

 
 

FOLHA DE SÃO PAULO

mardi 5 mai 1998 p.9

Violence - Un document dit qu’il y a eu moins d’homicides en 1997 qu’en 1996 : le secrétariat de la Sécurité publique affirme que les données sont fausses.

La statistique du gouvernement contient un chiffre erroné - du bureau de Brasilia

Un document du ministère de la Justice affirme que le nombre des homicides volontaires dans le pays, en 1997, a été inférieur de 19,6% à celui enregistré en 1996. Cependant il apparaît à la Folha que les données présentées ne permettent pas de fonder cette affirmation.

"Les statistiques sur la violence au Brésil révèlent un tableau différent de celui qui est dépeint par les organisations non-gouvernementales nationales et internationales et montrent qu’il y a aujourd’hui une réduction substantielle du nombre des crimes et de la violence en général", dit le texte élaboré par le Bureau de la communication du ministère de la Justice.

Ce document atteste qu’il y eu 25’997 homicides au Brésil en 1997, contre 32345 en 1996. Selon ces données, l’Etat avec le plus grand nombre d’homicides a été celui de Rio de Janeiro (11062), suivi de celui de São Paulo (5292). Le texte préciseque le secrétariat national de la Sécurité publique, lié au ministère, a compilé les données fournies par les secrétariats des Etats.

Cependant les chiffres officiels du secrétariat de la Sécurité publique de l’Etat de São Paulo montrent qu’il y a eu l’an passé 10742 homicides dans l’État - soit 5450 de plus que ceux repris par le ministère de la Justice. Ces seules données diminuent déjà la supposée différence du nombre d’homicides survenus en 1997 par rapport à l’année antérieure. Au lieu de 6’348 homicides en moins, l’année passée en aurait enregistré seulement 898 de moins.

Le secrétariat national de la Sécurité publique reconnaît qu’il y avait une erreur dans le tableau : les chiffres relatifs à São Paulo cités par le ministère, ne se réfèrent qu’au premier semestre 1997. Les chiffres du Rio Grande du Sud (800 homicides) ne sont également que ceux du premier semestre.

L’affirmation selon laquelle il y a eu une réduction serait possible, selon le ministère, parce que le total des homicides de 1996 n’incluait aucun chiffre relatif à São Paulo.

Aucune de ces informations ne ressort du texte ou des tableaux auxquels la Folha a eu accès.

"Nous avons essayé de monter une statistique, mais les données sont fausses, elles ne sont pas aussi sûres que nous le voudrions" a dit le général Gilberto Serra, secrétaire de la Sécurité Publique.

Questionné sur le fait que, si les données étaient fausses, le ministère les avait, cependant, utilisées pour dire que s’était produite une diminution de la violence, le général a répondu que la personne qui avait écrit le texte ne savait pas que les données relatives à 1996 n’incluaient pas São Paulo et que celles de 1997 n’incluaient que les chiffres relatifs au premier semestre.

 
 
Pénombre, Décembre 1998