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... Voire

Moi je les trouve limite pénombriens, JFK et EM sur ce coup-là, assez subtils et plutôt bien ciblés… au moins si on s’en tient aux extraits cités.

1re critique (JFK) : le « réaliste » utilise le chiffre pour s’abstraire de la réalité.
Oui, me semble-t-il, le chiffre est toujours un construit, une invention, fondé sur un parti pris…

2e critique (JFK) : le « réaliste » utilise le chiffre pour arrêter le temps, comme le photographe, et ce faisant il nie la dynamique de la création.
Intéressant : comment exprimer en chiffre, non seulement l’évolution (ça, on peut s’y essayer), mais l’incertitude de l’avenir, les surprises de la créativité future, l’alea… ? Pénombre tourne souvent autour de ce genre de question.

3e critique (EM) : la classe politique utilise le chiffre pour se dispenser de penser
Ça me rappelle trop la LOLF, ça, et la nocturne mémorable de Pénombre… Comment les indicateurs chiffrés dispenseraient de penser, et pour peu dispenseraient même de la politique (vous vous souvenez, la politique étrangère de la France mesurée au nombre de visites sur le site Internet du ministère des Affaires étrangères…) Le chiffre utilisé comme argument d’autorité, pour prouver, juger, imposer, clore le bec au contradicteur.

4e critique (EM) : cette utilisation du chiffre rend l’homme unidimensionnel et le coupe des réalités non « mettables en chiffres ».
Là nous sommes chez Stiglitz & co... : le PIB peut-il rendre compte du bonheur du peuple, ou même simplement du développement ? Nous sommes à la nocturne sur les chiffres de l’économie… Vous souvenez- vous de Léon (Lettre Blanche n° 52) ?

5e critique : à propos de la « médecine par les preuves ».
Oui, j’étais l’autre soir chez un ami médecin hospitalier qui me décrivait ses internes scotchés devant leurs écrans, et personne au lit du malade : l’écran à chiffres est quand même moins insupportable que le malade : il ne râle pas, il fait ce qu’on lui dit, il est plus esthétique, moins angoissé… Je ne crois pas qu’EM critique les chiffres en médecine (il doit bien prendre sa température quand il est malade) mais encore une fois leurs pratiques d’usages, l’absence de dialogue clinique en dépit de la « revendication des promoteurs de ces méthodes ».

C’est bien d’utilisations des chiffres, me semble-t-il lire, qu’on nous parle ici, pas du chiffre en soi.

À mon avis, donc, plutôt de l’eau au moulin de Pénombre, pour qui « un nombre sans débat est un chapeau sans plume et un débat sans nombre est un baiser sans moustache ».

Mais tout ça se discute…

Jean-René Brunetière
Dijon

 Réponses reçues

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Dossier Résistance aux nombres
Date d’ouverture : 6 janvier 2012

Bulletin de situation au 1er avril 2012

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